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MADAME DE MAINTENON
ET
MADAME DE CAYLUS

« Le samedi au soir, 15 avril, veille de la Quasimodo, mourut à Saint-Cyr la célèbre et fatale Mme de Maintenon. Quel bruit cet événement en Europe s’il fût arrivé quelques années plus tôt ! On l’ignora peut-être à Versailles qui en est si proche ; à peine en parla-t-on à Paris. On s’est tant étendu sur cette femme trop et si malheureusement fameuse, à l’occasion de la mort du Roi, qu’il ne reste rien à en dire que depuis cette époque. Elle a tant, si puissamment et si funestement figuré pendant trente-cinq années, sans la moindre lacune, que tout, jusqu’à ses dernières années de retraite, en est curieux. » Après avoir ainsi insulté une dernière fois celle qu’il a poursuivie de sa haine, Saint-Simon ne peut s’empêcher de lui rendre un involontaire hommage. « Elle se retira à Saint-Cyr au moment même de la mort du Roi, et eut le bon sens de s’y réputer morte au monde, et de n’avoir jamais mis le pied hors de la clôture de cette maison. Elle ne voulut y voir personne du dehors, sans exception que du très petit nombre dont on va parler, rien demander ni recommander à personne, ni se mêler de rien où son nom pût être mêlé[1]. » Et il continue, en entrant dans d’assez longs détails, parfois inexacts, sur la vie de Mme de Maintenon. Mais il a raison de dire que ces années de retraite sont curieuses. Elles sont peu

  1. Saint-Simon. Édition Chéruel de 1858, t. XVII, p. 184