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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 21.djvu/328

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une idée complète des perturbations qui attendent les nations belligérantes en Europe. La lutte prochaine engagera, du même coup, les destinées de la France et la totalité de ses ressources en argent et en hommes.

Or, si tout entière la faculté financière du pays, avec la totalité de ses enfans, est, dès le premier jour, jetée dans la balance, nous savons à quel chiffre se monte le bilan de ses ressources et le nombre de ses enfans, nous savons quel en est le total et quelle en sera la limite. Oui, mais cette notion n’est pas suffisante. Il est indispensable de la comparer aux exigences de la guerre pour être certain que cette limite ne sera pas trop basse, que cet effort sera fructueux, afin que nous puissions, si cela est nécessaire et par des moyens spéciaux, obvier à sa faiblesse, remédier à son insuffisance.

Bien plus, si les coalitions, les mouvemens de la richesse économique, les défaites antérieurement subies, et surtout les défaillances de la natalité, ont affaibli progressivement un pays comme le nôtre, et s’il arrive qu’il ait besoin, pour égaler ou surmonter l’adversaire dans les luttes futures, sinon de disponibilités financières supérieures, du moins de ressources en hommes plus considérables, comment ferons-nous ? Il faudra répondre à cette question angoissante et la résoudre.

Or, si cette hypothèse est la réalité même, qui donc, chez nous, comblera les vides ? Qui multipliera les efforts, augmentera les réserves ? Qui galvanisera l’effort jusqu’à nous conduire au succès ?

Ce prodige ne pourra s’accomplir qu’à la condition de découvrir le secret d’une organisation militaire diminuant les défaillances de nos ressources disponibles en argent et en hommes ; tirant un rendement supérieur des disponibilités présentes ; et permettant, en fin de compte, leur meilleur emploi en temps de guerre, tout en ayant ménagé soigneusement, dès le temps de paix, les nécessités d’une vie sociale qui influe d’un si grand poids sur les naissances et l’essor même de la nation. Seule, une telle organisation pourra prétendre à être définitive.

En somme, elle doit être forte. C’est le lien qui enserrera les ressources qui restent au pays, en finances et en population, pour en former le faisceau capable de résister aux exigences de la guerre, qu’elles soient financières ou numériques.

Nous ne présentons pas pour le moment le projet de cette