Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 21.djvu/342

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des combattans, d’une manière toute relative d’ailleurs, dans des proportions incalculables. Il suffit de se rappeler les boucheries de Reichshoffen, de Gravelotte, de Sedan ; il suffit de se dire qu’elles seront plus que portées au double, pour se rendre compte qu’il y aura, dès le premier jour des hostilités, une effroyable consommation de vies humaines ; par conséquent, on jettera immédiatement les réserves dans la balance, et on fera un appel immédiat aux seconds et derniers échelons.

Le perfectionnement des voies ferrées et l’emploi des chemins de fer comme moyen stratégique concourront aussi à pousser plus rapidement sur le théâtre de la guerre les groupemens disponibles.

Toutes ces raisons, et d’autres encore, font que les guerres d’Europe ne paraissent pas devoir durer aussi longtemps que par le passé ; et cela est surtout vrai pour la France et l’Allemagne, qui n’ont pas, pour prolonger la guerre entre elles, les énormes espaces qui séparent les mobilisations de la Russie, par exemple, des groupemens qui pourraient se mobiliser contre elle à l’Occident, ou des adversaires orientaux qu’elle rencontre aujourd’hui.

En résumé, si la guerre est plus courte, s’il est sûr qu’elle mettra plus promptement en danger les ressources et la vie même de la nation, il paraît certain aussi que les facultés de notre système financier égaleront sans peine les difficultés de notre tâche pécuniaire, soit au début de la guerre, soit pendant le cours des hostilités.

Maintenant, et comme nous l’avons dit plus haut, la guerre connaîtra d’autres nécessités que l’appel fait au crédit public : Pour assurer sa sécurité, elle demandera au sol national les combattans nécessaires.

Déjà le caractère de la lutte future, véritable lutte pour la vie, nous a montré que la totalité des hommes disponibles doit se lever pour faire face à l’ennemi, et le projet de loi sur le recrutement dont il est question semble fait pour répondre à cette nécessité. Il montre les ressources de nos contingens classés sur huit listes qui comprennent les jeunes gens déclarés, propres au service armé, aux services auxiliaires, les engagés volontaires, les exclus, les ajournés d’office, les sursis du service auxiliaire et les mobilisables exceptionnels. Et, pour tous, ce projet prévoit qu’ils font partie de l’armée active pendant deux ans, de la réserve