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exécutif. L’organisation militaire ne peut-elle pas distinguer entre l’administration de l’armée et son emploi ?

Le président de la République est président du Conseil supérieur de la Guerre, et le généralissime en est vice-président. D’eux doivent dépendre la préparation à la guerre et tout ce que la guerre comporte d’attributions.

Le pouvoir législatif organise et subventionne l’armée. Responsable devant lui, le ministre de la Guerre doit être le maître en temps de paix.

Une pareille dualité ne saurait être plus périlleuse, en cas de désaccord, que la dualité constitutionnelle n’est dangereuse pour la République. La hiérarchie des pouvoirs publics sera le sûr garant qu’il y aura toujours accord entre le ministre qui organise et le généralissime qui emploiera, entre le créateur de l’organe et celui qui s’en servira, si cet organe est créé de manière à être fort, et de manière à faire partie intégrante et harmonique de la vie nationale.

Alors, le succès ne sera pas douteux.

C’est dans cette collaboration, dans l’affirmation de cette responsabilité réciproque, qu’on trouvera le moyen de résoudre le problème. Il y a un partage à faire : au ministre, les facultés du pays ; au généralissime responsable, les nécessités de la guerre. Au Conseil supérieur de la Guerre, d’établir les données de la guerre ; à la Commission de l’armée, d’étudier ces données, de définir le programme des réformes, de préparer l’ensemble des lois dont nous parlions plus haut et que le gouvernement doit présenter aussitôt après à la sanction du Parlement,

Si ce programme prévalait, il ne serait peut-être pas trop tard pour asseoir sur des bases solides et larges l’édifice définitif de notre réorganisation militaire, à condition toutefois de réagir immédiatement contre les tendances qui se manifestent dans le projet patronné par le ministre de la Guerre et contre la gangrène politique dont il est infecté, à condition de réduire au silence ceux qui semblent avoir pris pour devise : « La paix à tout prix au dehors. La guerre à tout prix au dedans. »

Comment ! du poids de notre or et du nombre de nos enfans, on ne voudrait pas mesurer le sacrifice ; la protection du foyer, la défense du sol national seraient motifs à querelles politiques ; du chiffre de nos dépenses, du montant de nos contingens, on déduirait seulement la durée du temps de service à inscrire sur