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Quelques-unes d’entre elles, dues à Bernardin, ont été publiées par Aimé Martin, en 1826, dans le 3e volume de la Correspondance de Bernardin de Saint-Pierre (Paris, Ladvocat, in-8o) ; d’autres ont été citées[1], par fragmens, dans une plaquette de M. Meaume[2], et dans la thèse de doctorat que M. Maury a consacrée à Bernardin de Saint-Pierre ; nous les donnerons en entier, avec les nombreuses lettres de Bernardin et de Félicité qui sont encore inédites.

Aimé Martin, qui épousa la seconde femme de Bernardin de Saint-Pierre, fut pendant longtemps dépositaire de ces lettres : elles appartenaient à Mlle Virginie de Saint-Pierre, fille de Bernardin, qui avait épousé le général de Gazan. Quand Mme de Gazan fut morte, le général les conserva, et quand, en 1849, il succomba au choléra, elles furent vendues avec sa bibliothèque et achetées par un collectionneur dont j’ignore le nom. Paul de Saint-Pierre ne se porta pas acquéreur à cette vente ; il ne pouvait, étant fou, songer à la mémoire de son père. Je retrouve ces lettres à Nancy, en 1856, entre les mains de M. E. Meaume, avocat, puis juge, auteur de diverses brochures, et président de l’Académie de Stanislas. Comment les avait-il eues ? « Par un heureux hasard, » voilà tout ce qu’il dit. Je perds alors la trace de ces lettres, et ne les retrouve que chez M. Pierre Gélis-Didot, l’architecte bien connu, qui se trouve être le petit-neveu de Bernardin ; il acheta ces lettres dans une vente publique, en février 1887, et depuis lors en est demeuré l’heureux propriétaire[3].

Comment ces missives parvenaient-elles à leur destinataire ? c’est là, je crois, un point dont il n’a jamais été parlé. Certaines d’entre elles ont été confiées à la poste : le timbre qui les oblitère en fait foi ; d’autres ont été portées par un commissionnaire, ou même données par Bernardin à la mère de Félicité. Mais plusieurs d’entre elles semblent avoir été remises en cachette, de la main à la main, lorsque se rencontraient les deux amans : c’est donc là, peut-être, en partie, une correspondance secrète

  1. Les citations sont souvent reproduites inexactement, et l’orthographe de Bernardin est peu respectée.
  2. Étude sur la Vie privée de Bernardin de Saint-Pierre (1792-1800), par E. Meaume, président de l’Académie de Stanislas. Nancy, 1856.
  3. C’est M. Pierre Gélis-Didot qui m’a autorisé à publier ces lettres ; qu’il me soit permis de lui dire ici toute ma reconnaissance et mes remerciemens.