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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 21.djvu/382

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estime, il n’y a qu’un seul moyen de mettre d’accord ces deux sentimens qui se combattent dans votre cœur, c’est que vous soyés bientôt ma femme, au lieu de linquiétude et des remords que vous craignes vous éprouverés ce que la reconnaissance, et le calme de l’âme ont de plus doux, le mariage seul allie lestime de soi même avec les plaisirs de lamour.

« [je moccupe du soin d’accélérer le moment qui doit m’unir a toi. le plus grand obstacle est la publicité que je voudrois éviter par plusieurs considérations importantes, si tu habitois la campagne a présent, il me semble qu’il seroit facile de se faire inscrire sans bruit à la municipalité d’Essonnes.] nous raisonnerons de tout cela quand nous y serons.

« [en attendant recommande notre future union à celui qui est la source de toute félicité.] aimable enfant, confie lui tes peines et tes plaisirs, endors toi dans son sein paternel, aucune insomnie ne viendra te troubler.

« ne veille point ma tendre amie ; le sommeil est nécessaire à ta santé, c’est lui qui calme le sang et rafraîchit le tein des bergères, pour aucune raison, ni pour aucun plaisir ne passe point les nuits à veiller, je vais te chercher un livre de voyage que je te donnerai ce soir, mais c’est à condition que tu ne liras pas au milieu de la nuit.

« endors toi dans le souvenir doux et paisible de notre amour mêlé d’estime, de confiance, de protection, si j’ai allumé en toi quelque flame trop active, ne t’y livre point jusqua ce que je puisse l’éteindre, c’est en moi qu’est le remède à ton mal. mon portrait n’y peut rien, repose-toi, en imagination à l’ombre des berceaux que je vais planter pour toi, sur le bord de ces eaux limpides qui entourent notre future habitation et que tu dois embellir de ta présence, c’est là que tu dois goûter un bonheur digne de toi si le ciel est favorable à mes vœux. »


Lettre no 14. — De Bernardin de Saint-Pierre, — sans indication de lieu, ni de date, mais de Paris et de novembre 1792 ; — imprimée par Aimé Martin[1], sauf le commencement et la fin, et avec des inexactitudes (il a mis : vous partout où il y avait : tu).


« je nai pu venir hier, mon enfant mais je nen ai pas moins pensé à toi. je désire ardement que ma chaumière s’achève

  1. Cette lettre, dans la Correspondance imprimée, a le no 8, ainsi que dans la collection Gélis-Didot.