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en béton, — soit définitivement accepté et entre dans la voie de l’exécution.

Il s’agit, en effet, d’une dépense pouvant approcher d’un milliard en nombres ronds, peut-être même dépasser ce dernier chiffre ; et il est assez naturel que les deux États principalement intéressés reculent devant la responsabilité officielle des aléas inévitables, à la fois techniques et financiers, d’une entreprise aussi grandiose.


VII

Mais si la jonction directe entre les deux falaises qui se font face à travers le détroit est le grand desideratum de l’avenir, elle n’est pas cependant absolument nécessaire pour que l’on puisse très facilement et très rapidement réaliser une partie des avantages que l’exécution d’un des projets plusieurs fois proposés ne permettrait d’obtenir qu’au prix de très grands efforts. L’un de ces avantages, — le principal peut-être, — est de supprimer le double transbordement des voyageurs et de quelques marchandises spéciales qui transitent de France en Angleterre, et d’assurer leur passage d’un pays à l’autre sans aucune manutention et sans changement de véhicules. Il n’est pas nécessaire, pour obtenir ce résultat, de jeter un pont sur le détroit ou de le percer par un souterrain ; et il suffirait d’organiser un navire spécial, un bac convenablement aménagé, permettant de recevoir directement les trains de chemin de fer, qui passeraient ainsi, sans rompre charge, du territoire français sur le territoire anglais et inversement.

La seule difficulté serait de ménager en tout temps un accostage rapide et facile du bateau porte-train à la terre ferme, difficulté qui provient de causes multiples : agitation de l’eau, oscillations inévitables du bateau, changement de niveau résultant du mouvement des marées, variations du tirant d’eau ou de l’enfoncement du navire au fur et à mesure que s’effectueraient l’embarquement et le débarquement des différentes pièces du train.

Or, cette difficulté paraît pouvoir être aujourd’hui complètement résolue. On a pu l’atténuer déjà dans certains cas, pour le transit de quelques voitures, en ménageant, sur les flancs ou au-dessous du bateau-bac, un certain nombre de flotteurs et en le