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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 21.djvu/711

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M. Chevalier dans la séance que la Société de Géographie tint le 30 avril à la Sorbonne, le Tchad, après plusieurs années consécutives de pluies abondantes, est parfois sorti de son lit habituel, inondant de grands espaces. La tradition a gardé le souvenir d’un envahissement des eaux qui aurait anéanti toutes les populations du centre de l’Afrique. Sans remonter au déluge, nous remarquerons, avec ce voyageur, qu’en 1870 le niveau du lac s’éleva démesurément, et que l’inondation pénétra à 200 kilomètres dans le Bahr-el-Gazal. En 1897, une grande crue permit au Léon-Blot de mouiller auprès d’El-Amis, dont les rochers sont aujourd’hui isolés au milieu de la plaine.

Pour s’expliquer l’époque tardive de la crue du Tchad, quelques notions sont indispensables. Dans les régions où le sol est d’argile et par conséquent imperméable, des cuvettes se sont formées qui se remplissent aux hautes eaux et rejettent leur trop-plein, les unes dans le Chari, les autres dans le Logone ou dans des bassins secondaires. Le fleuve, grossi par les pluies, fournit d’abord au lac un premier aliment, tandis que s’emplissent les cuvettes ; puis celles-ci, par des canaux latéraux, apportent aux artères principales un appoint nouveau et ajoutent à la crue du Tchad. Toute la crue ne va pas d’ailleurs à cette vaste dépression. Le débit du Logone, particulièrement soutenu par l’apport des voies d’adduction, atteint son maximum au début d’octobre. A partir d’un étiage de trois mètres environ, ses flots trouvent dans le Toubouri une nouvelle issue et la communication s’établit, utilisable du commencement d’août à la fin d’octobre, entre la rivière et ce réservoir du Mayo-Kabi.

On se demandait naguère si le Toubouri, dernier vestige d’un ancien lac, ne déversait pas ses eaux d’une part vers le Tchad, de l’autre vers le Niger. Il est prudent d’attendre la révision des appareils de la mission et l’établissement des calculs avant de citer des chiffres ; mais on peut, dès à présent, écarter cette supposition.

L’altitude du Tchad étant notablement supérieure à celle que lui attribuaient les anciens voyageurs et le Logone dominant sensiblement pendant la crue le niveau du Toubouri, nous devons considérer la voie ouverte par le capitaine Lenfant comme une vallée de déversement dirigée vers le Niger.

Quant à la muraille, qui s’opposait, dans l’imagination de quelques-uns, à la communication du Logone avec le Toubouri, elle n’a pas résisté à une enquête sur place. Le seul obstacle sérieux se dresse entre le Toubouri et le Mayo-Kabi.

Pour le capitaine Lenfant, l’Afrique occidentale et centrale est un