principal intéressé, à savoir de Sa Majesté chérifienne. A vrai dire, il eût fallu commencer par là ; espérons que cette adhésion ne se fera pas trop attendre.
Un autre sujet d’inquiétude, c’est que la préparation diplomatique de ces accords paraît insuffisante. Parmi les États diversement intéressés, l’Italie seule a été pressentie. On négocie avec l’Espagne. Mais on a laissé volontairement l’Allemagne à l’écart. Or il n’est pas possible à la France d’entreprendre quoi que ce soit sans connaître l’arrière-pensée des Allemands. Gambetta et Ferry, patriotes s’il en fut, n’y manquaient jamais. Cela est devenu encore plus nécessaire depuis que l’Allemagne, par ses entreprises coloniales, se trouve mêlée à toutes les affaires du monde. Dira-t-on qu’on redoute ses exigences ? Mais notre mauvais vouloir ne ferait que les rendre plus impérieuses, et, sans nous déclarer la guerre, elle aurait plus d’un moyen de nous être désagréable, surtout à l’heure où la Russie, occupée en Extrême-Orient, est hors d’état de nous secourir. D’ailleurs le monde est assez vaste pour fournir à la France et à l’Allemagne plus d’un terrain d’entente en dehors du Maroc. Ce ne serait pas la première fois que l’empereur Guillaume se montrerait disposé à entamer la conversation. De toutes les prétentions, la plus folle serait de vouloir « isoler » l’empire germanique, comme l’affirment certains mousquetaires de la presse. On n’isole pas un gouvernement fort, mais on s’expose à son ressentiment.
Ce serait une autre extrémité de vouloir contenter tout le monde à la fois, et de distribuer à droite et à gauche des tranches de ce Maroc qu’on ne possède pas encore, dans le moment" même où l’on affiche le plus grand respect pour son intégrité. Voilà qu’on nous parle aujourd’hui des droits de l’Espagne. Elle a eu trois cents ans pour les faire valoir et n’y a jamais réussi. Est-ce à nous de lui faire sa place ? de rompre l’unité du pays ? d’y rendre tout gouvernement impossible ? de manquer à la parole que nous venons de donner au Sultan ? de remettre à autrui la surveillance du détroit qui commande nos possessions ? Non, la diplomatie pèse dans la balance des forces réelles et non des espoirs chimériques. On avait mis naguère sur le tapis un projet de partage avec l’Espagne : il a été sévèrement jugé par l’opinion publique. Le mot même de partage implique la destruction de la force indigène sur laquelle nous voulons nous appuyer. Il faut le rayer de notre vocabulaire et donner à nos