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l’entraînement vers le bien-être, la fibre nationale y est toujours prête à vibrer dès qu’il s’agit d’honneur et de patrie ; mais cette noble susceptibilité ne saurait être un sujet de crainte pour le repos du monde. Que ceux qui ont vécu quelques instans parmi nous rapportent chez eux une juste opinion de notre pays ; qu’ils soient persuadés des sentimens d’estime et de sympathie que nous entretenons pour les nations étrangères, et de notre sincère désir de vivre en paix avec elles. »

En entrant dans le palais du Champ-de-Mars, l’Empereur avait reçu des mains du prince de Metternich la dépêche annonçant l’exécution de Maximilien, dont le bruit circulait dans Paris depuis la veille.


V

La peine de mort avait été prononcée contre Maximilien et ses généraux Miramon et Mejia, le 15 juin, à onze heures du soir. Le 16, à onze heures du matin, le colonel Palacio vint leur notifier la sentence en leur annonçant qu’elle serait exécutée le même jour à trois heures. L’Empereur écouta avec un calme sourire et dit à Bash, son médecin, en regardant sa montre : « Nous avons encore trois heures, c’est assez pour finir mes affaires. » À trois heures, les condamnés attendaient sur le seuil de leur cellule ; mais l’heure sonna, les minutes s’écoulèrent, et personne ne vint les chercher. À quatre heures, Palacio entre, un papier à la main. Est-ce la grâce ? Non, c’est un sursis. L’exécution était remise au 19, à sept heures du matin.

Informés par le télégraphe de la condamnation et de l’heure à laquelle elle devait être exécutée, les défenseurs de Maximilien s’étaient rendus auprès de Lerdo et de Juarez, implorant avec larmes la grâce. Magnus, le ministre de Prusse, qui s’était joint à eux, demandait, au moins, un sursis de quelques jours afin que Maximilien pût régler ses affaires. Juarez refusa la grâce et accorda le sursis.

Les condamnés passèrent leur dernier jour en effusions avec leurs familles ou leurs amis. Maximilien écrivit au Saint-Père, lui demandant pardon de la peine qu’il avait pu lui causer et protestant qu’il mourait dans le sein de l’Eglise catholique. Il recommanda à sa famille la veuve de Miramon ; il adressa des remerciemens à ses défenseurs, au capitaine Pierron, autrefois