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compositions adaptées spécialement à chaque usage. Ce jour-là, ils prendront la place de l’acier, comme celui-ci a pris celle du fer. »

Enfin, le moulage de l’acier, opération exceptionnelle et difficile il y a treize à quatorze ans, est entré aujourd’hui dans la pratique courante : l’ossature du pont Alexandre III est en acier moulé. Il est donc permis de prévoir le moment où ce genre de moulage remplacera, d’une part, les moulages de fonte qui sont moins résistans, d’autre part, les pièces forgées qui sont plus coûteuses. Alors deviendront inutiles et les énormes marteaux-pilons et les puissantes presses hydrauliques qui, dans certaines usines, les remplacent. Tout cet outillage, créé à grands frais, disparaîtra, et, au règne des forges agitées ou bruyantes, succédera celui des fonderies, discrètes et silencieuses.


II

Les métaux autres que le fer se trouvent d’ordinaire en quantité assez faible à la surface du globe : de là leur prix souvent élevé et la nécessité d’extraire certains d’entre eux de minerais même très pauvres.

Au traitement par voie sèche, appliqué aux minerais relativement riches, et dont les frais sont à peu près proportionnels à la quantité de matière sur laquelle on opère, traitement dont la sidérurgie vient de nous offrir le plus remarquable exemple, il faut, parfois, substituer le traitement par voie humide : les frais sont alors en raison de la quantité de métal obtenue, et, de plus, la dépense de combustible est insignifiante ou nulle. C’est ce traitement que l’on emploie pour extraire l’or des minerais de très faible teneur du Transvaal, et son principe est le suivant : le minerai, après avoir subi, s’il le faut, une transformation préalable, est dissous dans l’eau ou dans une liqueur acide ; puis la solution métallique ainsi obtenue est soumise à l’action de réactifs convenables, qui précipitent tels ou tels corps, en laissant les autres dans le bain.

Par suite de l’extrême facilité avec laquelle ses alliages se fondent et se moulent, la métallurgie du cuivre avait une avance de plusieurs dizaines de siècles sur celle du fer, dont les alliages, difficiles à fondre, étaient par conséquent difficiles à obtenir : l’âge du bronze, d’ailleurs, n’a-t-il pas précédé l’âge du fer ? Mais