L’une des tendances les plus caractéristiques de la science moderne est de substituer partout les idées de filiation, de transformation progressive des choses, à l’ancienne doctrine de l’indépendance mutuelle et de la fixité des formes. C’est l’évolution opposée à l’incohérence, et dans nulle direction sans doute, les bienfaits de la nouvelle méthode n’ont été plus immédiatement tangibles, et plus évidens qu’en géologie ; nulle part le renouvellement de la science n’a été plus radical et plus complet.
Tout le monde sait le magistral tableau tracé par Cuvier des vicissitudes antéhistoriques traversées, selon lui, par notre planète, et, même encore aujourd’hui, après la preuve si complètement faite que les événemens ne se sont point accomplis comme le supposait l’auteur du Discours sur les révolutions du globe, il est impossible d’échapper à la séduction de cette grande conception si magnifiquement exprimée.
Mais, si chacun de nous a pris plaisir à la lecture des pages de Cuvier et même si personne n’ignore les protestations qu’elles ont soulevées sitôt parues, il n’est pas inutile de faire remarquer que l’abandon de la doctrine cataclysmienne au profit d’une opinion toute différente a été surtout le résultat de son prodigieux