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concerne les conditions générales du milieu terrestre, et c’est la répétition de ce que nous ont montré les fonctions étudiées précédemment.

D’un autre côté, la non-identité des faunes et des flores qui sont apparues les unes après les autres et leur perfectionnement progressif indiquent une modification continue de ce même milieu : indice certain de l’évolution dont la masse terrestre traverse les étapes ; conclusion qui a une portée de première valeur quant à la marche même de l’histoire du globe. Elle suffirait, en effet, faire justice, quand d’autres argumens ne la corroboreraient pas, de ces tentatives auxquelles reviennent fréquemment des théoriciens, et qui consistent à présenter la terre comme repassant périodiquement par des états comparables les uns aux autres. C’est une autre forme de la vieille théorie des révolutions, désormais impossible, et qu’on pense rendre plus acceptable sous un dehors différent. Si la périodicité dont on parle existait vraiment, la réapparition de faunes et de flores très ressemblantes en serait certainement le résultat le plus visible : or, rien de semblable ne se montre et, disons-le encore une fois, non seulement on ne voit pas de répétition, mais les manifestations biologiques successives affectent une sériation qui suffirait seule à démontrer la réalité du développement continu de la terre.

Reste à savoir comment, dans ce développement, peut s’expliquer l’apparition première des êtres vivans sur un globe jusque-là réduit à des productions purement minérales. On sait le nombre et l’éclat des diverses théories proposées sur cette question et nous n’avons nullement la prétention de résoudre un problème si difficile ; cependant, il semble qu’on puisse, à ce sujet, faire une remarque qui, en le contraignant à rentrer dans le cadre des autres chapitres de la physiologie tellurique, doive le rendre de compréhension moins ardue.

En effet, l’apparition des êtres vivans sur la terre pourrait à la rigueur être ramenée à la première intervention, sur notre globe, d’une entité dynamique, la force biologique, antérieure et attendant, comme mise en réserve depuis les commencemens, que les circonstances de milieu lui soient devenues favorables. Sans doute, formulée en ces termes, l’opinion qui vient d’être résumée ne peut présenter qu’un très faible intérêt, et semblera essentiellement gratuite, dépourvue de toute vérification possible. Mais peut-être changera-t-on d’avis si l’on observe que d’autres