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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 22.djvu/358

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diminution des effectifs de paix, c’est le contraire qui aura lieu. La compagnie mobilisée sera plus faible avec le service de deux ans qu’avec le service de trois ans, non seulement parce que la proportion des réservistes aux soldats de l’armée active y sera plus forte, mais aussi parce que l’instruction des uns et des autres sera beaucoup moins complète et moins solide.

C’est la conséquence directe et nécessaire de la diminution des effectifs de paix. Il n’est pas un militaire qui n’affirme, et tout le monde en conviendra, que, pour que l’instruction d’une « unité de combat » puisse se faire complète et durable, il est de nécessité première que cette unité ne tombe pas au-dessous d’un certain effectif minimum. Dans l’infanterie, si la compagnie atteint un effectif de 125 à 130 hommes, le capitaine peut réunir sous ses ordres fréquemment 90 à 100 hommes, chiffre largement suffisant pour qu’il puisse dresser ses cadres et ses hommes, s’habituer lui-même à l’exercice du commandement. Ainsi l’instruction atteindra son maximum d’intensité. Si la compagnie tombe à 100 hommes, le capitaine n’en pourra plus réunir que 70 à 75 pour ses exercices, et déjà l’instruction faiblira aussi bien pour ses hommes que pour ses cadres, et pour lui-même. Si l’effectif descend à 80 ou au-dessous, le chiffre des « disponibles » pour l’instruction devient si faible qu’aucun dressage d’ensemble n’est plus possible. Pour arriver à donner l’instruction il faut entrer dans la voie déplorable du mélange des unités, de la fusion des compagnies, des bataillons, des régimens. L’affaiblissement excessif des unités fondamentales, — les compagnies, — est destructif de toute instruction, et néfaste à la valeur militaire de la troupe.

Or. depuis quinze ans, nous avons si démesurément enflé nos cadres, et multiplié tellement, à la poursuite d’une chimérique égalité avec l’Allemagne, le nombre de nos unités, qu’il est hors de doute, qu’avec la diminution de l’effectif en temps de paix, le service de deux ans amènera ce désastreux affaiblissement des unités d’instruction.

Mais le remède n’est-il pas à côté du mal ? Puisque le service de deux ans ne nous permet pas d’avoir, pour les unités (compagnies) existantes, un effectif de paix minimum nécessaire et suffisant, il faut en diminuer le nombre

Cela paraît fort simple ; la diminution de l’effectif total ne doit pas porter sur l’effectif de chacune des unités, mais bien sur le