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parlant, se renouvellent et se réparent plus vite. La nature, d’ailleurs, est plus près pour vous consoler. J’en suis bien loin, en cette Champagne dite pouilleuse. Et puis, qu’importe la nature maintenant pour moi ? Lac, Rovéréaz et le reste, vous subsistez au fond de mes plus anciens souvenirs, mais je ne vous espère plus.

Olivier est-il en Allemagne maintenant ? Voudriez-vous le prier, chère Madame, de me donner, s’il vous plaît, l’indication bibliographique exacte des écrits de M. de Gingins sur Charles le Téméraire : j’ai à écrire un jour ou l’autre quelque chose sur l’Histoire des ducs de Bourgogne de M. de Barante, et j’aimerais savoir le point de vue du savant vaudois tel qu’il le déduit lui-même. Si les mémoires de M. de Gingins[1]se trouvent dans le Recueil des mémoires de l’Académie de Turin, qu’Olivier veuille bien me l’indiquer.

Je n’avais pas reçu à mon départ de Paris de nouvelles de vous, chère Madame ; comme je ne serai guère encore que huit jours ici, le retard ne serait pas grand si le paquet était arrivé pendant mon absence.

Lèbre est très en crédit à la Revue des Deux Mondes ; son article sur l’Egypte a réussi. Le voici posé. C’est M. Letronne qui a corrigé les épreuves, et, quand l’éloge n’était qu’au positif, il y glissait le superlatif. Ce sont les seules corrections qu’on se soit permises.

Embrassez pour moi vos enfans, chère Madame, je serre la main à Olivier et distribue par vous les souvenirs plus fidèles qu’expansifs que je garde à votre bon pays.

A vous d’un cœur respectueux.


Paris, ce 21 septembre 1842.

Certainement, très cher Olivier, je veux vous écrire et vous féliciter de votre courageuse résolution, dont vous recueillerez ensuite les fruits. Je suis bien sûr que déjà vous mordez plus à l’allemand que vous n’osez en convenir, et que ce que vous en

  1. Gingins La Sarraz (baron Frédéric de), président honoraire de la Société d’histoire de la Suisse romande, né à Eclepens, canton de Vaud, en 1790, mort à Lausanne en 1863. — Parmi ses publications, il faut citer : 1° les Dépêches des ambassadeurs milanais sur les campagnes de Charles le Hardi, duc de Bourgogne, de 1474 à 1477, Cherbuliez, à Genève, 1857 ; — 2° l’Histoire de la ville d’Orbe et de son château dans le moyen âge, Lausanne, Martignier, 1865 ; — 3° l’Histoire de la ville de Vevey et de son avouerie, depuis son origine jusqu’au XIVe siècle, Lausanne, 1862.