qu’il y a faits. On l’a rappelé durement à la réalité des choses. On a affecté d’établir avec son prédécesseur des comparaisons peu flatteuses pour lui. On a lourdement et quelquefois cruellement fait peser sur sa tête la responsabilité des événemens déjà accomplis et de ceux qui se préparaient. A notre avis, il serait prématuré de porter un jugement sur le Saint-Père. Il faut laisser à l’expérience le temps de produire ses fruits. Mais, si l’expérience est trop lente à venir, les fruits peuvent en être amers.
Revenons à l’affaire des évêques de Laval et de Dijon. Ces deux prélats ont paru au Saint-Père entachés d’indignité : après avoir ouvert une instruction contre eux, il a invité le premier à donner sa démission et le second à s’abstenir provisoirement de certains actes de son ministère ; enfin, il leur a intimé à l’un et à l’autre l’ordre de se rendre à Rome à une date déterminée. Il aurait eu incontestablement le droit d’agir ainsi dans un pays avec lequel il n’aurait pas eu de concordat ; mais celui qu’il a avec la France rend la situation plus complexe. Non pas que le Concordat, qui attribue à l’État la nomination des évêques et au Pape le soin de leur donner l’investiture apostolique, les soustraie à toute juridiction ecclésiastique ultérieure ; il y aurait quelque chose d’insensé à le soutenir ; mais si, en vertu de cette juridiction, un évêque doit être déposé, il semble que ce soit une question à régler avec le gouvernement laïque auquel on a reconnu le pouvoir de le nommer. Or, que s’est-il passé pour l’évêque de Laval ? Si le Pape, par un intermédiaire régulier, lui avait seulement intimé l’ordre de se soumettre à l’autorité de la congrégation du Saint-Office, il n’y aurait eu rien à dire, le Concordat ne pouvant pas soustraire les évêques aux censures ecclésiastiques, ni à leurs conséquences ; mais s’en est-on tenu là à Rome ? Les lettres qui ont été publiées, à supposer qu’elles soient authentiques, enjoignent formellement à Mgr Geay de donner sa démission. Reconnaître au Pape le droit d’obliger un évêque à donner sa démission, c’est lui reconnaître celui de le révoquer par un moyen indirect, et comment admettre qu’il puisse le révoquer puisqu’il ne l’a pas nommé ? Un accord est indispensable avec le pouvoir civil.
Mais pouvait-on l’établir ? Le Pape a probablement jugé que non, et probablement aussi il ne s’est pas trompé. C’est une question de fait. Étant donné les dispositions actuelles de notre gouvernement, la tendance qu’il a manifestée si souvent à soutenir partout ce qu’on nous permettra d’appeler les brebis galeuses, l’empressement qu’il devait mettre à défendre contre le Pape des évêques qui seraient double-