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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 22.djvu/919

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contre-cœur, déposa un projet d’emprunt forcé le 10 juillet. Toute personne ayant une fortune de 4 000 à 400 000 thalers serait tenue d’avancer à l’Etat entre 1/2 et 2 pour 100 de son capital contre une rente de 3 1/3 pour 100. Hansemann expliqua qu’il n’y aurait pas lieu sans doute de recourir à cette mesure : la menace seule suffisait. L’événement lui a donné raison : finalement les souscriptions volontaires ont fourni 14 millions en 1848, 1 million en 1849. Le ministre des Finances proposa en même temps de relever l’impôt sur la betterave, sur l’alcool, et de supprimer toute exemption de l’impôt de classe ; il élabora même un projet de rachat des chemins de fer, pour lequel il fallait une centaine de millions ; il demandait un crédit de vingt millions pour commencer et, en outre, 30 millions en vue de lignes nouvelles. Il comptait y faire face en émettant des obligations de chemins de fer 4 pour 100, des obligations gagées sur les domaines, pour 92 millions 1/2. Tous ces projets furent combattus par la camarilla qui entourait le Roi et qui sympathisait avec les grands propriétaires, pour qui les plans du ministre constituaient la continuation de la révolution. Le cabinet Hansemann Auerswald tomba au mois de septembre, sur une question dans laquelle il lui fallut défendre l’armée contre les attaques de la gauche. A la suite d’un conflit entre les troupes et la garde nationale, dans une petite ville de province, deux députés assez obscurs avaient fait adopter une résolution demandant une enquête, invitant le ministre de la Guerre à prémunir les officiers contre les manœuvres réactionnaires et à persuader ceux qui ne pourraient accommoder leurs convictions à un régime constitutionnel, de faire de leur démission un devoir d’honneur (9 août). Un mois plus tard, le gouvernement informa le Président de l’assemblée que les troupes engagées dans l’incident de Schwerdnitz en avaient été retirées, et qu’ainsi les désirs de la Chambre avaient reçu satisfaction ; le ministre de la Guerre avait invité les commandans de l’armée à combattre toutes les manœuvres réactionnaires et républicaines parmi les troupes, mais le cabinet était convaincu qu’on ne pouvait aller plus loin sous peine de compromettre la discipline et l’ordre. Cette lettre fut communiquée par le Président le 4 septembre, elle donna lieu à des débats passionnés. Behnsch et Waldeck, au nom de la gauche, protestèrent contre ce qui leur semblait une rébellion ministérielle. Les ministres se défendirent assez mal, bien que leur cause fût