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REVUES ÉTRANGÈRES

Á PROPOS D’UNE NOUVELLE BIOGRAPHIE DE TITIEN


Titian, par Georg Gronau, 1 vol. Londres, 1904.


« Le 1er août passé, — écrivait l’érudit vénitien Francesco Priscianese dans une lettre servant de préface à sa Grammaire Latine, — j’ai été invité à une fête, dans un charmant jardin appartenant à Messire Titien, peintre excellent et fameux. Comme le pareil attire son pareil, quelques-uns des hommes les plus remarquables de notre ville étaient là présens, à savoir, Pierre l’Arétin, Jacques Tatti dit le Sansovino, Jacques Nardi, et moi, quatrième, heureux d’être admis en cet illustre cercle. La chaleur du soleil était encore grande, bien que l’endroit lui-même soit ombragé : de telle sorte que nous occupâmes notre temps, avant que les tables fussent portées dehors, à regarder ces peintures, quasi vivantes, qui remplissent la maison ; après quoi nous jouîmes de la beauté et du charme du jardin, qui s’étend le long de la mer, à l’extrême limite de Venise. On peut voir de là l’île gentille de Murano, et d’autres lieux encore. Et à peine le soleil s’était-il couché, que l’eau essaima d’innombrables gondoles, toutes remplies de gracieuses jeunes femmes. Chants et musiques flottaient vers nous, qui accompagnèrent notre joyeux souper jusqu’à minuit, dans ce magnifique jardin grandement admiré. Le souper fut très bon, riche en mets délicats comme en vins de prix, et relevé des plaisirs que la saison, les hôtes, et la fête elle-même y ajoutaient pour nous. Nous venions tout juste d’arriver aux fruits lorsqu’on m’a apporté votre lettre : et