Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 23.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

7 pieds, le Hollandais Scbald de Noort 10 à 11 pieds. D’autre part, Commerson, compagnon de voyage de M. de Bougainville et du prince de Nassau, ne leur attribue plus qu’une taille un peu au-dessus de la taille ordinaire de nos pays, c’est-à-dire communément de 5 pieds 8 pouces à 6 pieds. Aucun ne passait 6 pieds 4 pouces. Il y a bien loin de là au gigantisme, comme le fait observer l’auteur de cette relation, et il s’élève très vivement contre les fables et les mensonges qui ont été débités à propos de ces prétendus Titans. Il a pleinement raison. Les Patagons sont des hommes de grande taille ; ce ne sont point des géans. Topinard qui, il y a une quarantaine d’années, a mesuré les ossemens d’un assez grand nombre d’entre eux, leur assigne une taille de 1m, 78.

Les anthropologistes, assez généralement, admettent la distribution des races ou des peuples en quatre groupes d’après la valeur de la taille moyenne. Le premier est le groupe des « tailles hautes, » qui va des Anglais (lm, 703) aux Tehuelches de Patagonie (1m, 781), en passant par les Écossais (1m, 710), les Scandinaves (1m, 713), les nègres de Guinée (1m, 724) et les Polynésiens (1m, 762). — Un second groupe comprend les « tailles au-dessus de la moyenne » (1m, 65 à 1m, 70). Les Français (lm, 650) occupent le premier échelon de cette série qui comprend les Russes (1m, 660), les Allemands (1m, 677), les Belges (1m, 684) et les Irlandais (1m, 697). — Le troisième groupe serait formé par « les tailles dites au-dessous de la moyenne, » de 1m, 65 à 1m, 60, en descendant : on peut y classer les Hindous (1m, 642), les Chinois (1m, 63), les Italiens du Midi et les Péruviens. Enfin, les « tailles petites » sont celles qui sont inférieures à 1m, 60. Les Malais, les Lapons font partie de ce groupe.

Les Patagons sont donc seulement des hommes de « haute taille. » Ils tiennent « le record » de la stature, qui leur est disputé, toutefois, par une population des bords du Haut-Nil, les Dinkas, et, à un plus grand intervalle, par les Polynésiens, les Scandinaves et puis les Écossais. — Au résumé,, il n’existe donc point actuellement de géans rassemblés en corps de population ou en groupes ethnologiques. Il n’en apparaît qu’à l’état d’exemplaires isolés, individuels et accidentels. Et puisque les médecins assimilent maintenant le gigantisme à une maladie, nous pouvons, en empruntant dès à présent leur langage, dire que cette maladie n’est nulle part endémique, qu’elle se montre seulement un