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suffisante pour expliquer ce léger écart de quelques millimètres.

On peut admettre comme un résultat d’expérience très général, — et c’est en effet celui qui ressort de tout ce que nous avons dit jusqu’ici, — que lorsqu’une population ou lorsqu’une race sont suffisamment homogènes, qu’elles ne sont pas trop mêlées à d’autres races très différentes, la stature moyenne reste fixe, si elle est obtenue d’un nombre suffisant de mensurations. Elle est, au cours des temps, un trait invariable : elle fournit un renseignement signalétique de haute valeur. L’amélioration des conditions d’existence, qui paraît agir pour accroître la stature, ne contribue à ce résultat que d’une manière indirecte. Elle ne fait qu’éliminer de la moyenne un plus grand nombre de cas exceptionnels, qui l’abaissent d’une manière factice. Elle exclut de la confrontation, des sujets que la misère physiologique, ou les maladies survenues pendant la période de croissance, ont empêchés d’atteindre leur développement harmonique et de donner leur pleine mesure.

Il importe de dire, toutefois, que les résultats annoncés, il y a déjà quelques années, par MM. Manouvrier et Rahon, ont soulevé certaines objections. Il est visible, du premier coup d’œil, que toutes leurs mensurations abaissent d’une manière systématique les valeurs généralement admises pour les statures humaines. Dans beaucoup de cas, leurs mesures précises contredisent, non seulement l’opinion commune, mais les mesures approximatives ou les affirmations des historiens. L’objection a été faite devant la Société d’anthropologie. A. Hovelacque s’étonnait, en particulier, du chiffre très bas qui, d’après M. Rahon, exprimait la stature des Burgondes de Ramasse. Tous les auteurs anciens sont d’accord pour déclarer que les Burgondes, population teutonique originaire de la Germanie septentrionale, entre l’Oder et la Vistule, étaient des hommes de grande taille. Les mensurations de M. Rahon n’en faisaient que des hommes un peu supérieurs à la moyenne (1,666). Si l’attribution de M. de Mortillet est exacte, si les hommes inhumés à Ramasse étaient bien des Burgondes, et si la série des squelettes examinés est vraiment suffisante pour établir la moyenne, on voit la conséquence : la contradiction est flagrante entre l’anthropologie, d’une part, et les témoignages historiques, d’autre part.

M. Manouvrier a répondu à cette objection. Il a déclaré que cette contradiction ne l’impressionnait pas. La détermination de