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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 23.djvu/581

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LA GRANDE MADEMOISELLE

V.[1]
LE ROMAN AVEC LAUZUN. — LE DRAME


I

Au printemps de 1669, le roi Louis XIV écoutait un jour chanter la comtesse de Soissons. C’était, comme l’on sait, la seconde des Mazarines, et la seule vraiment scélérate de la famille. Elle chantait une chanson nouvelle, en beaucoup de couplets et fort méchante, où défilait une partie de la cour. Hommes et femmes y recevaient leur paquet, sous la forme d’une « contre-vérité, » selon une mode alors si répandue, que le mot « contre-vérité » était devenu le nom d’une forme de la satire, presque d’un genre littéraire.

Le Roi laissait passer les couplets, sans souffler mot. Il n’avait même pas protesté à celui-ci :

Et pour M. Le Grand[2],
Il est tout mystère ;
Quand il est galant
Il a comme La Vallière
L’esprit pénétrant.

La comtesse arriva ainsi à un couplet sur Puyguilhem, plus connu sous le nom de Lauzun[3].

  1. Voyez la Revue du 15 août.
  2. Le grand écuyer, Louis de Lorraine, comte d’Armagnac.
  3. Le marquis de Puyguilhem (on écrivait Péguilin, comme l’on prononçait, ayant pris le nom de comte de Lauzun, au mois de janvier suivant, nous le lui donnerons dès à présent pour la clarté du récit.