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Il existe un élément qu’il faut se garder de négliger, lorsqu’on parle de la navigation dans la Baltique : ce sont les Compagnies de navigation finlandaises. Les statistiques russes n’en tiennent pas compte, bien que ces compagnies battent pavillon russe. Les plus importantes sont au nombre de trois et participent dans une large mesure au commerce de la Baltique. La Finska angfortygs Aktiebolaget entretient des services réguliers d’Helsingfors et Hangoe à Hull par Copenhague, à Lübeck par Stettin, à Stockholm par Saint-Pétersbourg ; ses navires visitent nos ports de l’Atlantique, Dunkerque, Le Havre, La Pallice et Bordeaux et poussent jusqu’à Marseille et jusqu’aux ports italiens. Les steamers des lignes de Hull, Lübeck et Stockholm, de construction anglaise, filent de 12 à 15 nœuds et sont fort bien aménagés. Une autre compagnie finlandaise, le Nord, subventionnée par le gouvernement finlandais, a un service régulier, ouvert toute l’année, de Hangoe à Stockholm et Newcastle, pour le transport du beurre et des émigrans, et un service permanent, hiver comme été, d’Abo à Stockholm. Enfin la Finska Lloyd, qui possède 7 ou 8 navires, dont 3 tout neufs de 2 500 tonnes, les envoie dans l’Océan et dans la Méditerranée. Cette Société vient d’obtenir du gouvernement canadien une subvention pour une ligne régulière du Canada au golfe de Finlande, par La Pallice et La Rochelle. Les Compagnies finlandaises portent donc le pavillon russe des côtes de Finlande sur celles de Suède, d’Allemagne, d’Angleterre, de France, d’Italie et jusqu’au Canada. Leur activité fait honneur à l’esprit d’initiative du petit peuple qui les soutient et les dirige, et l’on a le droit d’être surpris que notre pavillon ne participe pas dans la plus légère mesure au commerce qui se fait entre les côtes de France et celles de Finlande, alors que le pavillon russo-finlandais y prend une part en somme très honorable.

On ne connaît pas, à l’étranger, la marine marchande finlandaise, parce qu’elle n’arbore pas un pavillon particulier et navigue sous les couleurs russes. Elle mérite cependant qu’on en tienne compte. Elle se composait, en 1901, de 2 291 voiliers, jaugeant 290 700 tonnes, et de 298 vapeurs, d’une jauge nette de 45 948 tonnes. La proportion des vapeurs est donc très inférieure à celle des voiliers ; le tonnage moyen de la flotte finlandaise est faible : mais cela n’empêche pas ses navires d’entreprendre les voyages d’Angleterre, de France, d’Espagne, de la