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Notre faiblesse est oppressée
Par vos invisibles essaims ;
Vous remplissez notre pensée,

Vous nous inspirez vos desseins,
Et votre flamme nous dévore,
Prophètes, héros, martyrs, saints,

Vous qui nous condamnez encore,
Vous par qui nous sommes absous ;
L’un vous hait, l’autre vous adore,

Et nos fronts subissent vos jougs ;
Nous cherchons vos pas sur la route,
O frères plus sages que nous !

A travers la brume du doute,
Quand, épuisés, nous chancelons
Près des gouffres que l’on redoute,

Dissipant l’ombre où nous tremblons,
Votre clarté nous illumine ;
Dans ses combats rudes et longs,

Notre âme n’est pas orpheline :
Nous ne sommes pas loin de vous,
Mais votre amour vers nous s’incline,

Lorsque nous pleurons à genoux,
Avec une pitié divine,
0 frères plus heureux que nous !

Nos sens que la douleur affine
Perçoivent votre appel clément,
Et notre cœur brûlant devine