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EN MANDCHOURIE
ET
EN CORÉE

NOTES DE VOYAGE


I. — PORT-ARTHUR, DALNY, NIOU-TCDANG, TIEN-TSIN


Le pays entre Moukden et Port-Arthur est le grenier de la Mandchourie. Le riz, le blé et le maïs poussent avec une profusion étonnante, et il y a de trente-cinq à quarante espèces différentes de pois et de fèves. La terre est cultivée d’une façon modèle par des colons chinois. Le système d’irrigation et la manière de labourer méritent une étroite attention, mais la richesse des récoltes vient ici du remarquable mode d’engrais. La même pièce de terre peut donner plusieurs récoltes à tour de rôle dans la même année ; en fait, le sol ne semble jamais avoir besoin de repos. Comme j’observe ce paisible peuple agricole à son ouvrage, le contraste formé par les Cosaques en armes le long de la route est bien frappant. À mesure que nous approchons de la côte, leur nombre paraît redoubler : les casernes deviennent plus nombreuses et plus vastes. Mais il semble que les campemens cosaques et les fermes chinoises voisinent en d’amicales relations. Je vois constamment des soldats russes et des ouvriers chinois, assis à la même table, en conversation joyeuse. Je perçois même quelques signes visibles de l’influence moscovite, car maintes nattes sont entortillées et cachées sous la forme demi-civilisée d’une schapska russe. Ils partagent le même