Avons-nous besoin de dire qu’il est surtout pour le Maroc ? Il suffit, pour s’en rendre compte, de lire la Déclaration qui vient d’être signée par les gouvernemens espagnol et français. Nous aurions peut-être dû la reproduire en commençant, car elle est courte et c’est la seule partie de l’arrangement qui nous soit connue ; mais elle sera mieux comprise maintenant. En voici le texte : « Le gouvernement de la République française et le gouvernement de Sa Majesté le roi d’Espagne, s’étant mis d’accord pour fixer l’étendue des droits et la garantie des intérêts qui résultent, pour la France, de ses possessions algériennes, et, pour l’Espagne, de ses possessions sur la côte du Maroc, et le gouvernement du roi d’Espagne ayant, en conséquence, donné son adhésion à la Déclaration franco-anglaise du 8 avril 1904, relative au Maroc et à l’Égypte, dont communication lui avait été faite par le gouvernement de la République française, déclarent qu’ils demeurent fortement attachés à l’intégrité de l’Empire marocain sous la souveraineté du Sultan. » Cette Déclaration est parfaite ; il n’y a pas un mot à y reprendre. Nous souhaitons qu’il en soit de même de la seconde partie de l’arrangement, celle qui est secrète et qui, vraisemblablement, détermine l’étendue des droits et la garantie des intérêts que les deux pays se reconnaissent réciproquement. Mais, quels que soient ces droits et ces intérêts, il n’en résultera jamais atteinte à l’intégrité du Maroc ni à la souveraineté du Sultan. Qu’est-ce à dire ? D’abord qu’il ne peut s’agir d’un partage de territoire ; ensuite que notre prépondérance actuelle, pas plus que celle de l’Espagne, ultérieure et éventuelle, dans certaines régions marocaines, ne peut et ne pourra s’exercer que par l’autorité du Sultan qui reste et restera le souverain respecté du pays tout entier. C’est dans sa personne que se réalisera toujours l’unité du Maroc. Le but que nous nous proposons avait déjà été fort bien défini dans l’arrangement anglo-français du 8 avril. Le Maroc est un pays qui a été autrefois riche, prospère, puissant et qui peut le redevenir ; malheureusement il souffre, depuis de longues années, d’un mal auquel rien ne résiste, la désorganisation administrative qui a amené l’anarchie politique. Cette autorité du Sultan, que nous invoquons, il faut d’abord la restaurer, car sur bien des points du Maroc elle est purement nominale. L’expérience a prouvé que le Maroc est incapable de se réformer à lui seul. Sur ce tronc redevenu sauvage, il est indispensable d’attacher une greffe européenne. Pour cela, nous mettrons à la disposition du Sultan des administrateurs, des financiers, des militaires qui rendront peu à peu au Maroc la vitalité qu’il a perdue. Mais ces éducateurs que nous