De la maison prudente et du jardin secret ;
Lorsque l’on ne veut pas que j’entre, j’apparais.
Je suis le visiteur impatient et l’hôte…
Que la lampe baissée ou que la torche haute
Éclairent plus ou moins mon visage, c’est moi !
Il n’est plus temps de fuir, alors que l’on me voit.
Que la frappe l’airain ou la marque le sable,
Accepte à son instant mon heure inévitable,
Et ne t’attire pas mon regard irrité,
Mais attends-moi plutôt avec simplicité,
La porte grande ouverte et la table servie ;
Car, si veut ton destin que j’entre dans ta vie,
Ni le verrou massif, ni la clé, ni le chien
Qui aboie et qui mord, ni la serrure, rien
N’empêchera jamais, sache-le, que je vienne,
Si je le veux, poser ma bouche sur la tienne,
Quoi que tu fasses, malgré toi, un soir, un jour
Mes mains sont fortes. Obéis. Je suis l’Amour. »
Peut-être, si j’avais choisi mon temps où vivre,
Eussé-je, grave et doux, vieilli sous le turban,
Et ma vie eût passé ses jours calmes à suivre
L’ombre du cyprès noir et du minaret blanc.
Dans la fraîche mosquée où mille fleurs sont peintes
Sur la faïence lisse autour du nom d’Allah,
J’aurais, les yeux levés vers les lampes éteintes,
Attendu qu’Azraël, à mon tour, m’appelât ;
A la fontaine pure, où coule une onde claire,
J’aurais lavé mes pieds, mon visage et mes mains,
Et prosterné mon corps au tapis de prière,
Chaque fois qu’au ciel bleu chantent les muezzins ;