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d’analyses très délicates, a obtenu le germanium, en partant de l’argyrodite de Freiberg. Enfin, en 1886, l’auteur de cet article a pu isoler le fluor qui, bien qu’assez répandu dans la nature, avait résisté jusque-là aux efforts d’Humphry Davy, de Louyet, des frères Knox, de Fremy et de Gore.

Dans ces dernières années, une autre série de découvertes a vivement frappé l’attention des savans. A la suite d’expériences délicates sur la détermination de la densité de l’azote, préparé par réaction chimique, ou retiré de l’air, lord Rayleigh a déclaré que la différence, qui portait sur la troisième décimale de ses chiffres, devait être attribuée à l’existence d’un élément gazeux plus lourd que le gaz azote et qui se trouvait dans notre atmosphère. Après cette détermination physique, lord Rayleigh et sir William Ramsay isolèrent le gaz argon, puis sir William Ramsay obtint les satellites de l’argon, tels que le krypton, le xénon et le néon. Ces études le conduisirent aussi à reconnaître et à étudier, à la surface de la terre, l’hélium dont les raies spectrales avaient été simultanément découvertes dans le soleil par sir Normann Lockyer et par Janssen. Ce sont là de beaux résultats, d’autant plus curieux qu’il s’agit d’une série de corps gazeux qui, par leur paresse chimique, embarrassent beaucoup le savant et le philosophe.

Mais il est un groupe de métaux qui, malgré les efforts continus des chimistes, n’a pu encore être complètement étudié. Nous voulons parler des terres rares divisées en deux séries : celle du cérium et celle de l’yttrium.

En 1751, Cronstedt découvrit la cérite dans une mine de Bastnaes. En 1794, Gadolin indiqua l’existence d’une terre rare, l’yttria, dans un minéral noir et pesant qui se rencontrait abondamment aux environs d’Ytterby et qui, plus tard, fut nommé gadolinite. Le cérium fut caractérisé comme élément, en 1804, par Berzélius et Hisinger en Suède, et par Klaproth en Allemagne. Des recherches nombreuses et assez confuses suivirent ces premiers travaux jusqu’au moment où Mosander, en 1839 et 1842, sépara le lanthane et le didyme du véritable cérium. L’étude du cérium et de ses composés fut enfin complétée par les recherches magistrales de Clève, par celles de Marignac, de Brauner, de Wyrouboff et Verneuil. Plus tard, le didyme de Mosander fut séparé en deux élémens, le praséodyme et le néodyme, par Auer von Welsbach.