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poursuivent et prennent à la course des lièvres et des lapins, qui abondent dans ce charmant pays. Les enfants s’amusent ; c’est bien leur tour ! »


IV. — LE CORPS DE LA TCHERNAÏA


Félix Hardy à sa femme.


« 28 mai.

« Pélissier continue à déployer autant d’activité que d’habileté ; et personne ne doute qu’il ne termine brillamment la campagne dans un assez bref délai.

Aujourd’hui, nous devions exécuter une opération importante, mais il y a eu contre-ordre. C’est admirable de voir comme nos troupiers sont bien disposés. Ils ne demandent que plaies et bosses et, si on les laissait faire, ils courraient enlever les canons que les Russes placent en face de nos camps, mais qui ne nous inquiètent pas plus que s’ils n’existaient pas.

Nous voyons rôder des vedettes cosaques dans la plaine, de l’autre côté de la Tchernaïa ; on renonce à leur donner la chasse, car leurs criquets de chevaux filent comme le vent devant nos cavaliers et deviennent, par cela même, inabordables.

Les Russes, fort nombreux dans des camps situés à droite des ruines d’Inkermann, se gardent et se retranchent de leur mieux ; mais quand il plaira à Pélissier de nous lancer sur eux, ils ne tiendront pas longtemps, malgré leurs redoutes et leurs batteries. »

Avant de continuer les opérations du siège, Pélissier voulait savoir s’il pouvait disposer de toutes ses forces sans se préoccuper de l’armée russe de secours. Il dirigea, en personne, la reconnaissance que fit, le 3 juin, le corps d’observation de la Tchernaïa.


Félix à Victor Hardy.


« Camp de Tracktir, 5 juin.

« Cher frère, notre reconnaissance offensive d’avant-hier a été une délicieuse promenade, un peu fatigante. La cavalerie,