Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 24.djvu/447

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Gare à vous, mon lieutenant, ils sont là ! crie le brave de toute sa force.

On le tue, mais la section est sauvée.


L’ASSAUT DU 8 SEPTEMBRE

L’attaque générale fut préparée, pendant trois jours, par un bombardement à outrance, « un feu infernal, » qui incendia une partie de la ville et des vaisseaux du port, renversa les canons et défonça les abris de l’enceinte en tuant 18 000 Russes. Pendant cette agonie de la résistance, les défenseurs de Sébastopol attendirent l’assaut avec l’énergie du désespoir. Il commença à midi, le 8 septembre.

Toutes les divisions françaises étaient sous les armes ; les unes pour faire face, sur la Tchernaïa, à une diversion qu’aurait pu tenter l’armée de Gortchakof ; les autres pour prendre part à la lutte suprême engagée autour de la place, depuis la Quarantaine jusqu’au Carénage.

A gauche, le 1er corps (de Salles), au centre, les Anglais, à droite, le corps Bosquet, devaient combiner leurs mouvemens de manière à attaquer toute l’enceinte à la fois, afin de rendre plus difficile l’emploi des réserves russes. Mais, comme le point capital était le secteur de Malakoff, d’où l’on dominait l’ensemble des défenses, il fut convenu que l’on n’attaquerait les autres secteurs que lorsque l’on serait maître de celui-là.

Les trois divisions Mac Mahon, La Motte-Rouge et Dulac, dont on s’était déjà tant servi, furent échelonnées entre les ravins de Karabelnaïa et du Carénage pour attaquer simultanément, la première, Malakoff et ses défenses de gauche, la deuxième, la Courtine, la troisième, le Petit Redan.

Pendant que La Motte-Rouge s’emparait de la Courtine et des Batteries Noires, la division Mac Mahon escaladait Malakoff. A midi, heure du repas, il n’y avait derrière les parapets que les canonniers et les sentinelles. Les projectiles que nos batteries faisaient pleuvoir sur la route avaient obligé les Russes à s’abriter sous leurs nombreux abris blindés à l’épreuve de la bombe.

A neuf heures, les généraux russes, convaincus qu’ils ne seraient plus attaqués, ce jour-là, avaient éloigné leurs réserves. Dès que les sentinelles aperçurent les zouaves de Mac Mahon, elles jetèrent l’alarme en criant :