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Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 24.djvu/712

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intérêts du pays, lui seul les incarne ; » et pour les bien servir, pour « déterger cette capitale orgueilleuse du sang vicié qui lui est monté à la tête, patience ! trempant, affilant l’arme ;… » arrêtant Galliffet le 23 mars à la redoute de Châtillon, afin que la vengeance, plus froide, fût plus savoureuse ; s’obstinant à « soumettre Paris à la puissance de l’Etat comme un hameau de cent habitans » et à ne lui « rouvrir les bras de la France que lorsqu’il aurait d’abord ouvert les siens ; » ne pardonnant pas à Paris de l’avoir vu « fuir, » — méditant de rentrer victorieux « pour la revanche éclatante et la répression terrible. » — Cela tourne à l’obsession, au moins chez Poncet. « Le vindicatif petit homme d’Etat, » « le nain agitant son toupet et dardant ses yeux glacés sous ses lunettes, » ce « foutriquet d’Obus Ier » a toutes ses énergies tendues à cet objet : « reprendre, châtier Paris, » le saigner à son heure ! Dans l’armée qu’il réorganise, « la main de ce vieillard ne flatte que l’outil sanglant, l’instrument des représailles. Soucieux de les justifier à l’avance devant l’opinion, il supprime, falsifie tout ce qui vient de la ville pestilentielle, » dépeinte « par les aboyeurs à sa solde comme une plaine sauvage où l’on détroussait et où l’on s’égorgeait. » « Homoncule attelé à une tâche géante,… finassier, ambitieux… qui ne poursuivait dans l’écrasement de Paris que sa passion de vieil homme d’ordre et d’autorité, que la satisfaction de ses manies guerrières. » Écraser Paris,… « rêve voluptueux de ses jours et de ses nuits, pour la réalisation duquel il refusait de reconnaître aux Parisiens la qualité de belligérans… Des belligérans, cela se tue, mais selon certaines règles ; un code spécial fixe les droits réciproques ; on conserve des égards encore… Reconnaître des belligérans dans ces Français rebelles, c’eût été… se priver de les pouvoir châtier, comme des criminels hors la loi, bêtes fauves à détruire, à encager, chair à prison et à chassepot… » Comme je continue de feuilleter, relevant encore par dizaines des phrases pareilles, je me souviens de les avoir déjà lues, je veux dire d’en avoir déjà lu l’équivalent ailleurs. « Combien de fois la réaction a jeté à dessein le peuple dans la rue et lui a mis le fusil aux mains pour le décimer après ! Lisez l’histoire du soulèvement de Lyon et de la rue Transnonain, lisez l’histoire des journées de Juin ; et, puisqu’il s’agit ici de la « répression » de mai 1871, étudiez les origines, si mal connues, du 18 mars : vous verrez qui a désiré, amené l’appel à la force ; et vous