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Je conviens qu’il ne vaut pas grand’chose, mais nous avons tout de même nos raisons


De vouloir prolonger un peu sa vie pécheresse…


C’est dans ces termes que le poète s’adresse à une comète que l’on avait prédite pour un certain « 13 juin. » Cette comète devait, au dire des gens, détruire notre planète, à peu près comme le déluge l’avait détruite à l’époque de notre ancêtre Noé. Mais justement : est-ce que ce premier désastre a amélioré en quoi que ce fût l’état des choses ?


Les champs d’aujourd’hui sont-ils devenus plus fertiles
Que les champs antiques ? les ânes sont-ils devenus plus intelligens ?
Ou la grenouille plus musicienne dans ses marécages entourés de touffes ?
Ou les tigres plus doux ? Ou les humains plus sensés ?


Certes non ! La comète doit donc y réfléchir plus d’une fois avant que de commettre cette faute impardonnable. Qu’elle se dise surtout que l’on est très occupé en ce moment-ci « dans notre pays roumain : » « Nous sommes sur le point de renouveler toutes nos vieilles lois, toutes nos institutions rouillées… »

L’astre eut l’idée originale de répondre à la supplique du poète. Il accorda à la race roumaine le temps nécessaire pour s’amender, tout en étant très étonné d’apprendre qu’il y eût des Roumains au monde.


Je connaissais jadis
Sous le nom de « Romain »
Un peuple très puissant
Et qui tyrannisait le monde…
Mais quant à vous…
Je ne me serais jamais douté
De votre existence sur terre…


La vengeance des Souris est un petit enfantillage de beaucoup de goût et, qui diffère totalement des autres satires de l’auteur. Deux écrivains, dont l’un est notre poète valaque lui-même et l’autre, son contemporain, le poète moldave Sion, se sont accusés mutuellement, et par épigrammes, de paresse. La chose était malheureusement vraie, surtout pour notre poète valaque, qui ne s’occupait ni de littérature, autant qu’il aurait pu le faire, ni de l’administration des Archives nationales, dont il était devenu le directeur. Les « souris mangent les archives » lui aurait