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3° l’établissement de la forme constitutionnelle, à la place des anciens « Règlemens organiques » imposés par les Russes en 1832… Le parti adverse, composé d’hommes plus mûrs, désirait le maintien de l’ancien état des choses. Jamais le passé ne fit plus d’efforts pour empêcher l’avenir de naître, jamais on ne vit les parens et les enfans tellement aux prises.

Comme toujours, Alexandresco regarda la situation avec méfiance ; sans s’enthousiasmer avec les jeunes, il fit la psychologie des vieux. Il représenta un candidat devant ses électeurs. Ses opinions et son caractère appartiennent à cette époque qui avait immédiatement précédé la Révolution de 1848 ; mais on sent trop, en même temps, l’atmosphère actuelle où il se meut, ce public enfantin de 1857, qui n’est converti qu’à moitié à des doctrines qu’il ne comprend guère, naïf au point de s’en laisser conter de toutes les couleurs :


Messieurs, je vous prie de vouloir bien m’écouter,
Et une fois que vous m’aurez écouté, de me donner vos voix…


Le futur député expose ses titres, ses idées politiques. Il a été de tout temps un très grand patriote. Les services qu’il a rendus à l’Etat sont innombrables, comme le prouvent les postes très élevés qu’il a occupés jadis. S’il est devenu riche, c’est justement pour montrer à quel point le bonheur de l’Etat l’intéresse, car « le bien général ne saurait consister que dans le bien individuel de chacun. »

Suivent ses idées politiques. Il touche aux trois questions : l’ « Union, » le « Prince étranger, » la « Forme constitutionnelle… » Il se prononce en faveur de la première et contre les deux autres, pour des raisons qui lui sont personnelles.


J’estime l’union des principautés comme une chose sainte et je la réclamerais de toutes mes forces…
Car… la terre s’agrandissant, qui sait ? Il se pourrait que les émolumens devinssent plus gros, eux aussi !…
Mais je suis contre le prince étranger, car il ne sait pas le roumain…
Et il voudra peut-être que nous ayons du talent, de la vertu, des mérites,
Toutes qualités d’un autre monde et très difficiles à posséder…
… Tandis qu’un prince pris parmi nous, boyar de vieille souche nationale,
Sera plus à même de comprendre la faiblesse humaine et de lui pardonner…
… Quant à ce qu’on appelle « la Forme » et le « gouvernement » constitutionnels