Le matin, chat qui paresse
Dans la tiédeur du foyer,
Et toujours dieu familier,
Et le fils de ma jeunesse.
Lorsqu’il fait chaud, et que je suis songeuse et seule,
Je pense à vous,
Vous dont je ne sais rien, je rêve, ô mes aïeules,
A vos yeux doux.
Grand’mères mortes, et jadis des ingénues
Aux bras si frais,
Jeunes et tendres, et que je n’ai pas connues
Même en portraits,
Qui vivaient autrefois, toutes petites filles
Aux longs cheveux
Dans une sucrerie, en un coin des Antilles
Voluptueux.
La chaleur trop ardente entr’ouvrait les batistes
Sur leur sein blanc,
Elles se balançaient, paresseuses et tristes,
En s’éventant.
Leurs yeux se reposaient de la lumière vive
Joyeux de voir
Le visage lippu d’une esclave furtive
Luisant et noir.
Les bons nègres rieurs dansaient des nuits entières
Leurs bamboulas,
Ou bien chantaient des chants parmi les cafeyères,
Câlins et las.