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mis l’orthographe vous-même ? Si cela était, je serais bien, bien, bien contente de toi. Je vois aussi que tu as très bien regardé l’éclipse, et que tu en as fait le portrait fidèlement. Enfin tu as bien joué au concert. Tout cela me fait le plus grand plaisir, et j’espère que ta plus grande récompense c’est de donner du bonheur à ta vieille mère qui pense à toi toute la journée et qui rêve à toi toute la nuit. Je vais écrire à Maurice combien tu es sage et laborieuse. Cela lui donnera presque autant de joie qu’à moi, car après moi il n’y a personne qui t’aime plus que l’on frère. Adieu, fille chérie, je te verrai bientôt, j’espère. Embrasse pour moi ces dames [Mlle Martin], qui ont si bien soin de toi et qui te font faire tant de progrès. I should be very glad if you would write me a few words in English, Good night, little dear. I love you.

Ta mignonne.

Ces dames ôteront ta flanelle, quand elles jugeront à propos. Il fait encore un peu froid ici[1].


George Sand à Solange.


Billet non daté (début de juillet 1836).

Ma chère poule, je t’aime de toute mon âme. Je suis bien contente quand tu m’écris. Ce sont des jours de bonheur pour moi. Ainsi, écris-moi souvent. Ton frère me donne souvent de tes nouvelles. Il t’aime bien aussi, lui. Si tu ne nous aimais pas tous les deux, tu serais une petite ingrate. Te portes-tu bien, mon cher ange, et es-tu toujours sage ? Nous nous verrons bientôt. Adieu, chérie, je t’embrasse mille fois. — Ta vieille[2].

Sur ces entrefaites, la conclusion définitive du procès jette les enfans dans les bras de la mère. Celle-ci les emporte jalousement dans sa retraite favorite : « Je suis maintenant avec mes enfans dans la chère Vallée Noire. » (18 août 1836.) Là, détente complète. George Sand est « bête comme une oie, » « dort, bricole, arrange des devans de cheminée, fume son narghilé, » conte des contes à Solange, bref, savoure un instant le calme avec la sécurité[3]. Vint ensuite le voyage de Genève. La rentrée s’effectua au début d’octobre à Nohant, et, sans doute, peu après à Henri IV et au quartier Beaujon.

Ces rayonnantes vacances rendirent-elles l’internat plus pénible à Solange, après toutes les gâteries dont elle fut comblée

  1. Adresse : Mademoiselle Solange Dudevant, avenue Lord Byron, 9, quartier Beaujon, Paris.
  2. Au dos : « à Solange », de la main de G. Sand. — « Voilà une lettre de ta mère pour toi. De la part de ton petit frère, M. Dudevant. »
  3. Corresp. I, lettre du 18 août 1836.