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L’ALLEMAGNE CATHOLIQUE
ENTRE 1800 ET 1848

VI[1]
DU ROMANTISME AU PARLEMENTARISME

Dans l’Allemagne de la Sainte-Alliance, il n’y avait pas de puissance plus absolutiste que l’Etat prussien : ce n’était point l’Autriche de Metternich, mais la Prusse de Frédéric-Guillaume III, qui traquait avec le plus d’âpreté les idées et les penseurs. Les maximes politiques de l’hégélianisme aboutissaient, dans la pratique, à une intolérance d’État quasi jacobine. Le cabinet de Berlin s’instituait inquisiteur, dénonçait à la diète de Francfort les mauvais esprits et les mauvais livres, provoquait les votes d’ostracisme. Il fut l’instigateur, en 1835, de la formidable mesure prise par la Diète contre les cinq publicistes de la « Jeune Allemagne : » leurs personnes furent mises au ban, leurs livres à l’index, et Berlin n’était pas encore rassuré. « Les Prussiens, notait en 1836 Henri Heine, ont écrit à la Revue des Deux Mondes qu’elle serait interdite en Allemagne si elle renfermait quelque chose de moi qui ne fût pas dans leur sens. » Des postiers experts taxaient comme des lettres, à leur entrée en Prusse, les journaux de Paris : le prix d’un seul numéro s’élevait ainsi à un chiffre imposant de thalers. La Prusse faisait le

  1. Voyez la Revue des 15 juillet 1903, 15 janvier, 1er et 15 septembre 1904, 1er février 1905.