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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 26.djvu/224

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part, les naturalistes ont analysé au point de vue optique les organismes animaux et végétaux. Ils ont vu que les êtres vivans se décomposent en appareils, ceux-ci en organes, les organes en tissus, et les tissus enfin en un dernier élément, « l’élément anatomique » dont le prototype est la cellule. Précisément ces dernières pierres de l’édifice vivant, ces élémens anatomiques, ces cellules, se chiffrent en microns. Les globules rouges du sang de l’homme, par exemple, sont des disques ayant sept microns ou sept microns et demi de diamètre. Ainsi s’estiment tous les autres élémens ; leur longueur ou leur diamètre est un nombre entier de millièmes de millimètre ; tout au plus s’y ajoute-t-il une fraction d’un demi, d’un quart ou de quelques dixièmes de cette unité. — De même les microbes et bactéries qui sont la cause spécifique d’un grand nombre de maladies ont des longueurs qui s’évaluent en millièmes de millimètre, ou en dixièmes de cet étalon de mesure. — De même encore, les germes cristallins qui, précipités dans une solution sursaturée ou dans une liqueur en surfusion, en provoquent la cristallisation presque immédiate, ont des dimensions limites de quelques dixièmes de micron. Le grain de salol, par exemple, qui projeté dans la liqueur fondue de cette substance, la fait prendre en une masse de cristaux ; autrement dit, la particule cristalline du salol, sa molécule cristallographique, elle aussi, mesure quelques microns en dimensions linéaires, comme les microbes, comme les élémens anatomiques.

Les observateurs ont donc été frappés de cette uniformité relative dans les dimensions, dans la taille des élémens derniers du monde animal et du monde végétal. Ils ont été fondés à croire que cet étalon de mesure, le millième de millimètre, avait quelque chose de fatidique, d’obligatoire, qu’il répondait à quelque nécessité fondamentale de la constitution des corps naturels. On tend aujourd’hui à revenir de cette opinion. Sans méconnaître le caractère significatif que peut avoir cette fixité relative des dimensions des élémens anatomiques, des micro-organismes et des micro-cristaux, on n’y cherche plus de secret mystère : on n’y place plus la cause suffisante de leur activité dynamique. On croit que ce secret doit être poursuivi plus loin, dans une analyse plus profonde encore et que l’on qualifie d’hypermicroscopique.

Ce que le microscope était par rapport à la vue simple, l’hypermicroscope l’est ou le sera par rapport au microscope. Le nouvel appareil multiplie par mille la puissance de l’instrument ancien, comme celui-ci avait multiplié par mille la pénétration de l’œil nu. Pour