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LE
PSYCHISME INFÉRIEUR[1]

I


Pour comprendre immédiatement ce qu’est le psychisme inférieur, il suffit d’observer et d’analyser les actes d’un somnambule. Pendant toute la durée de sa crise, le sujet est privé du contrôle et de la direction de son psychisme supérieur. On va donc trouver dans le tableau d’une crise de somnambulisme une première manifestation très nette de l’activité isolée des centres psychiques inférieurs.

La dame suivante. —… (J’ai vu la Reine) se lever de son lit, jeter sur elle sa robe de nuit, ouvrir son cabinet, prendre du papier, le plier, écrire dessus, le lire, le cacheter ensuite, puis retourner se mettre au lit ; et pendant tout ce temps-là demeurer dans le plus profond sommeil.

Le médecin. — Il faut qu’il existe un grand désordre dans les fonctions naturelles, pour qu’on puisse à la fois jouir des bienfaits du sommeil et agir comme si l’on était éveillé…

La dame suivante. —… (Entre lady Macbeth avec un flambeau.) Tenez, la voilà qui vient absolument comme à l’ordinaire ; et, sur ma vie, elle est profondément endormie…

Le médecin. — Vous voyez que ses yeux sont ouverts.

La dame suivante. — Oui, mais ils sont fermés à toute impression.

Le médecin. — Que fait-elle donc là ? Voyez comme elle se frotte les mains.

  1. Tout ce qu’il y a de neuf, de solide et de définitif dans la doctrine de cet article appartient à M. Pierre Janet et a été puisé dans ses belles publications sur l’Automatisme psychologique. Je ne revendique la paternité que de ce qui est discutable et discuté, notamment sur le schéma du polygone et sur la localisation des centres psychiques dans le cerveau.