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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 26.djvu/340

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venir déposé dans sa mémoire en un moment de distraction ; il a, avec son imagination, mis cette découverte dans un cadre imagé, il a dramatisé l’impression, et le rêve a pris cette apparence divinatoire[1].

D’une manière générale, un bon moyen, peut-être le seul, de révéler ce qu’il y a dans un polygone est de le désagréger de son O.

Certains malades ont leur vie psychique tout entière dirigée, tyrannisée par une idée fixe dont ils ignorent eux-mêmes la nature exacte ; c’est une idée fixée, comme un parasite, dans leur polygone. Le médecin, qui a grand intérêt à connaître cette idée pour essayer de la détruire ou de la contre-balancer, endort le sujet et découvre l’idée dans le polygone désagrégé.

Un autre malade est frappé d’amnésie : il a perdu tous les souvenirs se rapportant à une période donnée de son existence. On l’endort. Il retrouve tous les souvenirs qu’il croyait n’avoir pas acquis.

C’est un des côtés par lesquels l’hypnose peut utilement servir au diagnostic et au traitement.

Chez certains sujets, l’hypnose n’est pas nécessaire. Il suffit, pour lire dans leur polygone, de les distraire : on occupe fortement leur centre O ; en même temps, on leur met un crayon dans la main ; on leur pose quelques questions à voix basse et ils écrivent, automatiquement et inconsciemment, les pensées secrètes de leur polygone.

Il y a bien d’autres moyens de désagréger le polygone et de lui faire déballer ses souvenirs : la cristallomancie par exemple. C’est une pratique vieille comme le monde. D’après la Genèse (chap. XLIV, 5), Joseph fait mettre sa coupe d’argent à l’entrée du sac de Benjamin et charge l’intendant de sa maison de dire ensuite à ses frères, en les arrêtant : «… La coupe que vous avez dérobée est celle dans laquelle mon seigneur boit et dont il se sert pour augurer. » — On voit que Joseph Balsamo n’a rien inventé.

Voici le procédé classiquement employé aujourd’hui, d’après M. Pierre Janet : « On se place en plein jour, on entoure le cristal

  1. Myers dit très justement de ces rêves « hypermnésiques » : « On comprend que des manifestations de ce genre peuvent être prises par erreur pour de la rétrocognition, de la prémonition, de la clairvoyance directes, alors qu’en réalité elles ne constituent que des perceptions subliminales. »