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mariage : Doellinger demanda qu’à cet égard on évitât toute formule qui ressemblerait à une déclaration de guerre contre l’Etat, et que, même, les décisions prises ne fussent point publiées, de crainte d’un inutile conflit. Le droit canon guidait l’assemblée, mais sans emphase ni fracas ; il inspirait l’ensemble des revendications ; mais celles que les évêques mettaient au premier plan et que, de préférence, ils signalaient à la conscience publique, étaient celles qui se pouvaient réclamer de l’idée magique de liberté et qui, dédaignant comme superflue toute référence à d’archaïques canonistes, semblaient écloses de la veille, sous le fécond soleil de 1848.

Car il y avait de l’allégresse dans cette assemblée de Wurzbourg ; l’espérance y soufflait. L’Église d’Allemagne ressuscitée faisait bonne figure aux nouveautés, quelque troublant qu’en fût le cortège. Dès le mois d’avril, Lennig se demandait, dans un rapport, si la Révolution n’était pas providentielle, et si quelque édifice nouveau n’en devait point surgir. Les mois qui s’étaient succédé avaient paru justifier l’hypothèse, et les évêques, à Wurzbourg, épiloguaient longuement sur la rédaction de certaines décisions, pour éviter toute formule qui pût être comprise en un sens conservateur. « Tout était-il si bien jusqu’ici, s’écriait Doellinger, qu’on ait motif de se plaindre si tout cela disparaît ? » Et il faisait observer que, dans la lettre aux fidèles, on ne devait rien glisser qui parût une condamnation formelle du mouvement politique. Geissel allait plus loin ; il réclamait un sourire d’encouragement pour la générosité de certains rêves, quelques paroles chaleureuses sur « l’unité de la patrie, sur la grandeur future de l’Allemagne. » « Autrement, disait-il, on nous accuserait de songer trop à nous, trop peu à la situation politique et civile. » Krabbe voulait que l’Église d’Allemagne, dans le document qu’elle destinait au peuple allemand, eût un mot pour les pauvres. Et Doellinger, Geissel. Krabbe étaient écoutés, exaucés ; on sentait, en entendant parler l’Église d’Allemagne, qu’elle ne se détachait point de la vie de l’Allemagne. Dans la lettre des prélats aux princes, on lisait : « Les évêques catholiques ont reconnu que, quelle que soit l’horreur de l’Église pour les tentatives anarchiques de toutes sortes, et si rigoureusement qu’elle les condamne, elle a pourtant un intérêt vital à ce que soit fixé et assuré tout ce que le cri général d’affranchissement à l’endroit de la tutelle et du contrôle administratifs contient de