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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 26.djvu/463

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REVUES ÉTRANGÈRES

PUBLICATIONS NOUVELLES SUR ALBERT DÜRER


Albert Dürer, par T. Sturge Moore, Trot. Londres, 1905 — Albrecht Dürers schriftliches Vermæchtniss, par Max Osborn, 1 vol. Berlin, 1905. — Dürer : des Meisters Gemælde, Kupferstiche und Holzschnitte in 447 Abbildungen, 1 vol. Stuttgart, 1904.


Des nombreux portraits de lui-même que nous a laissés Albert Dürer, le plus connu est, assurément, celui du musée de Munich. Son souvenir s’est lié désormais, en nous, au nom du peintre nurembergeois, de telle sorte que nous ne pouvons plus entendre ce nom sans qu’aussitôt nous apparaisse un pâle visage encadré de longs cheveux bruns, un visage d’une immobilité froide, sévère et presque inhumaine, fixant sur nous le regard glacé de ses grands yeux clairs. Et certes, l’image est à la fois si étrange et si belle que l’on comprend que personne, jamais, n’ait pu s’empêcher d’en subir la hantise : mais, avec toute sa beauté, ce n’est point la véritable image de Dürer. A peine a-t-on le droit de dire qu’elle nous vienne de sa main, tant on devine que d’autres mains, après lui, ont travaillé à nous l’ « embellir » en toute façon : ni la date et la signature, ni le fond, ni la couleur des cheveux, ni probablement le dessin de la bouche, rien de tout cela n’était pareil, dans l’œuvre originale, à ce que nous fait voir aujourd’hui le tableau de Munich. Et je dois ajouter que, même sous sa forme première, il ne me semble pas que cet admirable tableau ait été, proprement, un « portrait. » Je croirais plutôt que l’auteur, au lieu de chercher à y représenter bien au juste l’aspect réel et vivant de sa figure, a pris celle-ci pour prétexte d’une de ces libres fantaisies artistiques où s’est souvent amusé, plus tard, le génie de Rembrandt :