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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 26.djvu/481

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vernement. Sur un point seulement la Commission a eu des vues plus justes que le ministère et elle s’y est tenue avec fermeté : nous voulons parler des fédérations entre les associations cultuelles qu’elle autorise dans la France entière, tandis que le gouvernement ne les autorisait que dans le cadre de dix départemens.

Nous ne faisons qu’indiquer les principaux problèmes avec lesquels la Commission a été hier aux prises et avec lesquels la Chambre le sera demain. Nous y reviendrons, et même souvent, car la discussion sera certainement longue : il est fort douteux qu’elle puisse être terminée avant Pâques. Il ne s’agit que de la discussion à la Chambre : nul ne sait quand elle s’ouvrira au Sénat. Puisse-t-elle mettre en garde le parlement et le pays contre la plus grande faute que, dans les circonstances actuelles, la République puisse commettre !


Les nouvelles de Russie continuent de causer de la douleur et de l’anxiété aux amis de ce pays. Celles qui arrivent tous les jours de Mandchourie présentent la situation comme extrêmement grave. On avait espéré que la suspension de la guerre pendant l’hiver profiterait aux Russes, qu’ils recevraient des renforts, qu’ils fortifieraient les positions occupées par leur armée, et qu’à la reprise des hostilités, ils pourraient, sinon passer tout de suite à l’offensive, au moins fournir une défensive que les Japonais ne réussiraient pas à entamer. La dernière bataille avait montré les deux armées à peu près d’égale force. Elles s’étaient tenues mutuellement en respect, sans aucun avantage marqué soit pour l’une, soit pour l’autre. Mais les Russes n’avaient pas été obligés de battre en retraite ; ils avaient arrêté l’effort de l’ennemi. C’était un fait nouveau et encourageant dans cette guerre, qui avait apporté jusque-là des déceptions si cruelles.

Il est vrai que, pendant l’hiver, Port-Arthur avait succombé après une héroïque résistance. On assure aujourd’hui que la place ne manquait encore ni de munitions, ni de vivres ; mais elle avait été insuffisamment fortifiée, et, l’ennemi s’étant emparé de tous les points qui la dominent, elle était vouée à une destruction inutile si le général Stœssel avait voulu prolonger la résistance. Quoi qu’il en soit, la chute de Port-Arthur, indépendamment de l’effet moral qu’elle avait produit, avait eu pour conséquence immédiate de rendre disponible l’armée assiégeante : elle est allée grossir l’armée opérant devant Moukden. Il y avait là de quoi compenser tous les renforts que les Russes avaient pu recevoir depuis quelques mois, et probablement même faire pencher la balance numérique du côté des Japonais. La