Saint-Joseph une jeune personne d’un mérite singulier, sur laquelle planait un mystère qui n’était qu’un attrait de plus.
Les choses ainsi réglées, la marquise informa Julie du résultat de ses démarches, et la pressa de se mettre promptement en route : « Je reçois dans le moment la réponse de Mme de Luynes ; elle est absolument telle que je la pouvais désirer… J’espère que je n’aurai jamais à me repentir de ce que je fais pour vous et que vous ne prendriez point le parti de venir auprès de moi, si vous ne vous étiez pas bien consultée vous-même… Cela dit, il ne me reste plus qu’à vous parler de la joie que j’aurai de vous voir et de vivre avec vous… » Le billet s’achève par ces lignes, empreintes d’une réelle allégresse : « Adieu, ma reine ; faites vos paquets, et venez faire le bonheur et la consolation de ma vie. Il ne tiendra pas à moi que cela ne soit bien réciproque ! »
Il se trouva que, juste à ce moment, « le procureur et la procureuse de Lyon » eussent dessein de venir faire séjour à Paris. A la prière du cardinal de Tencin, ils consentirent à se charger de l’intéressante voyageuse. Dans la seconde quinzaine d’avril 1754, la diligence de Lyon s’arrêtait à la porte du couvent de Saint-Joseph, et déposait au seuil de la maison une jeune fille d’une vingtaine d’années, un peu provinciale dans sa mise, un peu émue, un peu effarouchée, heureuse pourtant au fond et le cœur gonflé d’espérance.
SEGUR.