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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 26.djvu/573

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Shimonosaki par l’intervention active de l’Europe ? Les méthodes scientifiques de la civilisation occidentale, qui n’étaient, pratiquement, appliquées nulle part en Chine, il y a dix ans, commencent-elles à l’être aujourd’hui ? Et la mise en valeur des richesses naturelles, inexploitées jusqu’ici, a-t-elle débuté ? Où en est, en un mot, la rénovation économique de la Chine ?


II

Le bilan est facile à dresser, si facile qu’il paraît maigre à beaucoup de gens pressés, comme nous le sommes presque tous en Occident. Le voici : 5 000 kilomètres de chemins de fer sont construits et exploités, au lieu de quelques dizaines en 1895 ; plus de la moitié, il est vrai, 2 600 kilomètres environ, sont tout à fait excentriques et leur établissement n’a pas eu pour but le développement économique de la Chine, mais le progrès politique de la Russie ; des tramways existent en outre à Tien-tsin. En fait de mines, les seules exploitées sont les anciennes mines de charbon de Li-Hung-Chang, à Kaïping, d’où l’on extrait 800 000 tonnes de charbon par an. Onze filatures de coton, faisant tourner ensemble 450 000 broches, et 14 filatures de soie ont été fondées dans les ports ouverts, principalement à Shanghaï. Enfin, la valeur des exportations s’est élevée de 143 millions de taëls, en 1895, à 214 millions de taëls, en 1902, et celle des importations de 171 à 326 millions.

Entrons un peu dans le détail de ces changemens et voyons d’abord ceux qui se sont effectués dans le commerce extérieur, puisque c’est ce point qui touche le plus directement l’Europe. De 1895 à 1903, les exportations ont augmenté de 50 pour 100, et les importations de 90 pour 100. Si nous comparons toujours lu Chine aux deux autres grands pays asiatiques, l’Inde et le Japon, nous verrons encore que le commerce de ce dernier a crû beaucoup plus vite : ses ventes comme ses achats au dehors ont plus que doublé, les premières ayant augmenté de 112 pour 100, les seconds de 128 pour 100 ; mais tout n’est-il pas prodigieux au pays du Soleil Levant ! Dans l’Inde, au contraire, l’accroissement des exportations n’a atteint que 12 pour 100 et celui des importations, 18 pour 100 seulement ; la grande possession anglaise a été, il est vrai, éprouvée par la famine, mais jamais, à aucune époque, les progrès de ses échanges, en un laps de