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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 26.djvu/702

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plantes qui élèvent des corps relativement simples et de nature purement minérale comme l’eau et l’acide carbonique à la haute dignité et à la complication des composés organiques. Ce sont ces parties vertes qui fabriquent, avec l’eau et le gaz carbonique, les hydrates de carbone et les graisses.

L’existence de ces hydrates de carbone et de ces graisses est éphémère. Le cours même de la vie en amène la décomposition : la respiration en rejette les élémens dans le milieu minéral sous la forme même sous laquelle ils en étaient sortis. Si ce n’est pas la plante elle-même qui, par son fonctionnement vital, fait rétrograder ainsi le produit formé, ce sera l’animal qui en aura fait sa nourriture : c’est lui qui le détruira en eau et gaz carbonique. Et si ce sucre ou cet amidon, après avoir échappé à sa destinée naturelle, qui est d’être utilisé par l’organisme végétal qui l’a formé, échappe encore à la dent de l’herbivore ou du carnassier, il arrivera bien quelque jour où ils deviendront la proie de quelque micro-organisme, de quelque amylobacter ou de quelque moisissure qui, après diverses péripéties, les détruira enfin par sa respiration et les rendra au règne minéral sous la forme initiale d’eau et d’acide carbonique. Le cycle rotatif sera alors accompli.


II

Le mécanisme naturel par lequel la vie, sous ses deux formes, s’entretient à la surface de la terre et par lequel semble se conserver en même temps la pureté de l’atmosphère, c’est-à-dire sa permanence, a été précisé degré par degré et d’une manière complète par les successeurs de Priestley. Celui-ci avait démontré, en 1771, que le gaz dégagé par les plantes était de l’oxygène. Ingenhousz, médecin et naturaliste hollandais ou pour mieux dire cosmopolite, — car nous le trouvons successivement à Londres membre de la Société royale, à Vienne, médecin de la famille impériale en 1768 et à Paris en 1780, — montra que le phénomène ne se produisait que dans les parties vertes des plantes et sous l’influence de la lumière du soleil. Jean Sénebier, naturaliste et pasteur protestant à Genève, fit voir entre les années 1782 et 1807 que l’oxygène dégagé provient de la décomposition de l’acide carbonique. Et ainsi fut établie cette notion classique que les parties vertes des plantes jouissent de la propriété de