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faits à leur façon. Ces premiers expérimentateurs croyaient qu’il s’agissait ici d’une réduction pure et simple de la molécule carbonique dégageant tout son oxygène et déposant dans la plante tout son carbone. Dans leur manière de voir ce carbone s’unissait tout aussitôt à l’eau pour réaliser la formation synthétique des hydrates de carbone, tels que l’amidon, la cellulose ou les sucres.

Les choses ne se passent pas aussi simplement. La synthèse chimique de ces composés ne part pas du carbone préalablement isolé et qui se combinerait ensuite à l’eau : celle de l’amidon, en particulier, ne se forme pas à partir du corps simple carbone. On a constaté en effet, que, pour amorcer la formation de l’amidon, la présence de l’acide carbonique en nature était nécessaire. Il ne s’agit donc pas, selon les vues trop simples des premiers observateurs, de la dislocation directe et totale de la molécule carbonique en carbone et oxygène avec intervention ultérieure de l’eau. On n’avait imaginé cette réaction radicale qu’en raison de sa simplicité et parce qu’elle était le moyen le plus direct de rendre compte de cette condition essentielle du phénomène chlorophyllien, à savoir que le volume d’oxygène exhalé est égal au volume d’acide carbonique absorbé.

Mais il y a une autre manière de satisfaire à cette exigence du problème. C’est, puisqu’il faut faire intervenir l’eau, de la faire intervenir dès le début, dans la première phase de l’action et non plus seulement dans la dernière. Toute la réaction s’accomplit en effet, du commencement à la fin, au sein du protoplasma végétal qui est richement hydraté. L’attaque porterait donc dès le premier moment, non pas sur l’anhydride sec, mais sur la combinaison de ce gaz avec l’eau, sur l’acide carbonique proprement dit. La moitié de l’oxygène dégagé viendrait de la molécule carbonique ramenée à l’état d’oxyde de carbone, l’autre moitié viendrait de la molécule d’eau qui laisserait comme reste son hydrogène. Ces restes isolés, oxyde de carbone et hydrogène, uniraient aussitôt leur sort : leur union fournirait le corps COH2 ou CH2O qui est l’aldéhyde méthylique ou formique.

Au point de vue des faits observés, cette manière de voir vaut au moins l’ancienne conception. Elle rend aussi bien compte de l’absorption d’acide carbonique, du dégagement d’oxygène et de l’égalité des volumes de ces deux gaz. Mais, en même temps, elle explique pour ainsi dire d’emblée la formation des hydrates de carbone, sucres, amidon, cellulose. En effet, l’aldéhyde