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comparaison assez en arrière dans les temps géologiques. Car, au début du refroidissement du globe, tout l’acide carbonique, aujourd’hui fixé dans les calcaires de la croûte terrestre, devait exister à l’étal libre dans l’atmosphère. Il en a été soutiré progressivement. Il est vraisemblable que ce mouvement de fixation se poursuit encore. S’il en est ainsi, la terre marcherait lentement vers un état de choses où la vie végétale deviendra impossible, et dans lequel, par voie de conséquence, la vie animale elle-même devra disparaître. Cette conclusion pessimiste est celle à laquelle nous aboutissons de tous côtés et toutes les fois que nous nous demandons si notre monde terrestre peut subsister tel qu’il est.


V

On a examiné, dans ce qui précède, l’évolution qui, parlant de l’acide carbonique et de l’eau, aboutit à la formation, puis à la destruction des matières ternaires essentielles à la vie des animaux et des plantes. C’est ce que l’on appelle, en biologie, « le cycle du carbone » ou la « migration du carbone, » parce que le carbone est, en effet, avec l’hydrogène, l’élément principal de ces composés chimiques.

Il y a également à examiner un cycle de l’azote, c’est-à-dire une évolution qui, prenant l’azote sous les formes simples où il existe dans- le monde minéral, l’introduit dans le monde vivant, l’y suit jusqu’au degré de complexité où il existe dans les combinaisons protéiques du protoplasma, pour le ramener ensuite à son point de départ.

Ces cycles que le biologiste examine isolément, pour la commodité de l’étude, s’accomplissent en réalité simultanément. En même temps, par exemple, que l’action chlorophyllienne aboutit à la formation de l’aldéhyde formique, du sucre et de l’amidon, la synthèse azotée édifie les réserves protéiques et le protoplasma lui-même.

Les substances protéiques sont indispensables aux animaux supérieurs. Magendie en a donné la preuve dans les célèbres expériences par lesquelles il montrait que la vie peut s’entretenir à défaut de telle ou telle catégorie d’aliment, et qu’au contraire, elle ne peut pas s’entretenir à défaut d’aliment azoté. — A mesure que l’on descend l’échelle des animaux et des végétaux, la nécessité de l’aliment azoté subsiste toujours ;