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revue des deux mondes.


Ce matin, j’ai réfléchi à mon travail de l’été, et j’incline presque décidément à faire la France contemporaine. Je vous en dirai toutes les raisons au retour. Si j’entre bien dans le sujet, cet été compensera notre triste hiver.

L’effet de la lettre[1] du Comte du Chambord a été mauvais ; il est trop suranné et clérical.


A Madame H. Taine.
Versailles, 19 mai.

En toute hâte de chez Renan, je pars dans une demi-heure

Ce qui a sauté avant-hier, c’est la poudrière avenue Rapp. Deux ou trois maisons se sont effondrées. Le Champ-de-Mars est jonché de balles. Nos vitres doivent être toutes cassées.

L’opinion la plus autorisée est qu’on entrera à Paris vers dimanche. La place Vendôme sera facile à prendre, mais Montmartre avec tous les fanatiques, et vingt mille étrangers (sept mille Anglais entre autres) se défendra jusqu’au bout, et bombardera tous les quartiers environnans.

(Voitures de toute espèce en quantité à toute heure à Juvisy pour Versailles, Châtenay, etc.)


A Madame H. Taine.
Londres, 20 mai, samedi.

Je suis arrivé ce matin après quelques tracas, une roue cassée près de Marly, et l’obligation de rester trois heures assis près du cocher de la malle supplémentaire.

Belle traversée calme, beau paysage bien vert de collines jusqu’à Londres. En voiture, cinq ou six personnes qui se sont mises à parier aux cartes 100 francs, puis 500, puis 1 000 ; le tenant a empoché en une heure 3 ou 4 000 francs. Façon superbe de perdre et de gagner ; on voit le flegme du tempérament et l’acharnement du combattant ; aussitôt après, par diversion, ils se sont mis à parler du paysage.

Ici, en ce moment, il y a Exposition et, depuis la guerre, tout est plein. — Courses aujourd’hui chez M. Haye, chez

  1. Lettre du Comte de Chambord à M. de Carayon-Latour, 8 mai 1871.