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cours d’une promenade, quelques poignées d’une matière savonneuse, qui lui parut pouvoir être économiquement employée pour la lessive. Son mari fit part de la découverte à un pharmacien de Bordeaux, qui eut l’idée de soumettre l’échantillon à la manufacture de Sèvres. C’était le kaolin, connu d’abord sous le nom de « terre lavée de Saint-Yrieix. »


III

Le kaolin, à lui seul, n’est pas la porcelaine, puisque la faïence moderne en contient beaucoup et que l’ancienne pâte tendre n’en contenait pas. A lui seul, il ne saurait donner à la porcelaine deux de ses caractères distinctifs : la transparence et la vitrification. Mais il est indispensable pour la blancheur. De toutes ces terres grasses que le vulgaire nomme « argiles » et le chimiste « silicates d’alumine, » le kaolin seul est pur. Dans ce laboratoire qu’est la nature constamment en travail, les roches de « feldspath, » composées de silice, d’alumine et de potasse, se désagrègent. La potasse se dissout ; elle est remplacée dans une combinaison nouvelle par de l’eau, qui ne s’évaporera qu’à 750 degrés de chaleur.

Tel qu’il se recueille en des gisemens assez nombreux aujourd’hui en France, dans l’Allier, en Bretagne, dans les Pyrénées, surtout en Limousin, le kaolin est plus ou moins mélangé au feldspath dont il est issu. On les sépare soigneusement l’un de l’autre par des lavages, au sortir de la carrière. Ce ne sera pas pour longtemps, car le porcelainier ne peut pas plus se passer de feldspath que de kaolin. Celui-ci est l’élément onctueux et infusible, qui permet le façonnage en donnant la plasticité. Celui-là, fusible à haute température, donne la transparence à la pâte, comme de l’huile à du papier. Un troisième élément, le quartz, ou sable siliceux, est indispensable ; il n’est ni plastique, ni fusible, mais permet de varier la composition et la rend solide. Avec trop de feldspath, les pièces se déforment à la cuisson et tombent ; tandis qu’elles ont une teinte jaunâtre et manquent de translucidité avec trop de kaolin.

Les industriels de Limoges en mettent pratiquement de 40 à 50 pour 100 ; à Sèvres, jusqu’à 1880, la pâte dure en contenait 83 pour 100 ; la nouvelle aujourd’hui n’en contient plus que la moitié mêlée à la craie de Bougival et au sable de