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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/135

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doctrine ; enfin, dans la prétention de suspendre directement un ecclésiastique, on dénonça une usurpation sur le pouvoir épiscopal. Ce mécontentement débordait hors du groupe des Ritualistes extrêmes et gagnait la masse des High churchmen. Près de cinq mille clergymen signèrent une protestation où ils demandaient aux évêques de ne pas appliquer la décision relative à la position du célébrant[1]. Deux chanoines de S. Paul, dont le célèbre prédicateur Liddon, écrivirent à l’évêque de Londres qu’ils continueraient à célébrer dans la position qui leur paraissait imposée par les rubriques, et demandèrent à être compris dans les poursuites que l’on jugerait à propos de faire pour assurer l’exécution du jugement. Il fut question, un moment, de relever ce défi ; mais on jugea plus prudent de ne pas le faire[2]. Pusey déclara, dans une lettre publique à Liddon, que la résistance lui semblait un mal moindre que l’obéissance, et lui-même, qui n’avait pas eu jusqu’alors, sur ce point, de pratique bien arrêtée, adopta l’eastward position pour ne pas se séparer de ceux qu’on prétendait frapper[3]. Des esprits modérés, comme Church et Coleridge, publièrent des critiques sévères du jugement[4]. Aussi l’évêque Wilberforce, écrivant à l’archevêque de Canterbury, alors absent, ne pouvait cacher l’alarme que lui causait l’agitation des esprits : « La simple suppression des vêtemens, disait-il, aurait passé assez tranquillement, mais l’injonction impérative de consacrer au north end atteint beaucoup plus profondément et ne sera pas obéie… C’est un temps bien troublant, et, à moins que Dieu n’écoute nos prières, cela finira par un grand schisme[5]. » Cette impression pessimiste n’était pas nouvelle chez Wilberforce. Quelques années auparavant, en présence des premières difficultés suscitées par le Ritualisme, il écrivait déjà : « Dans cette crise, je suis souvent tenté de croire que les jours de notre Etabli s sèment sont comptés et qu’ils sont en petit nombre[6]. »

C’est qu’en effet ceux qui avaient à se plaindre des interventions vexatoires et oppressives des cours civiles, en venaient à

  1. Life of Tait, t. II, p. 96-97.
  2. Life and letters of Liddon, par Johnston, p. 45 à 151.
  3. Life of Pusey, t. IV, p. 223 à 225.
  4. Church, Occasional papers, t. II, p. 48 et sq.
  5. Life of Tait, t. II, p. 94-95.
  6. Life of Wilberforce, t. III, p. 229.