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Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/144

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aujourd’hui être l’œuvre, non du saint évêque d’Alexandrie, mais d’un auteur inconnu ayant vécu probablement entre la fin du Ve siècle et le VIIe, est consacré, par la tradition de l’Église latine et de l’Église grecque, comme l’un des monumens primitifs de la foi catholique, à peu près au même titre que les Symboles dits « des Apôtres » et « de Nicée. » Il avait eu spécialement pour objet d’établir, avec une précision rigoureuse, à l’encontre des hérétiques du Ve siècle, la doctrine de la Trinité et de l’Incarnation, telle qu’elle avait été définie par les conciles. Pour donner plus de force à cet exposé, le rédacteur du Symbole y avait ajouté ce qu’on a appelé les « clauses damnatoires, » c’est-à-dire l’affirmation solennelle et répétée que « quiconque veut être sauvé, doit croire à ces vérités, » et que « celui qui ne les conserverait pas entières et inviolées, périrait sans aucun doute éternellement : » affirmation qui, après tout, n’était pas pour surprendre les esprits tant soit peu familiarisés avec le langage théologique, et qui n’était rien autre chose que l’équivalent des anathèmes accompagnant d’ordinaire les définitions conciliaires. Dans la liturgie romaine, ce symbole est récité à l’office de prime, le dimanche, quand il n’y a pas de fête plus considérable. D’après les rubriques du Prayer book anglican, il doit être récité au moins vingt-trois fois par an, au service du matin[1].

De bonne heure, des réclamations s’étaient élevées, dans le sein de l’Église d’Angleterre, contre la récitation publique d’un document dont la rigueur dogmatique effarouchait le latitudinarisme plus ou moins avoué de ses membres. Si vives que ces réclamations eussent été à certaines époques, elles n’étaient pas parvenues à faire modifier les rubriques ; mais, en fait, dans beaucoup de paroisses, l’usage s’était introduit peu à peu d’omettre ce symbole jugé gênant. Le Mouvement d’Oxford, en réchauffant le zèle du clergé, amena une réaction contre cette négligence. Le Symbole d’Athanase fut plus régulièrement récité, non sans fournir, du même coup, aux réclamations de plus

  1. Ceux qui veulent faire supprimer de la liturgie anglicane ce symbole, ont souvent argué de ce que seule cette liturgie lui donne place dans les offices publics, tandis que, d’après la liturgie romaine, il ne figure que dans le bréviaire récité privément par les prêtres. C’est une erreur qui vient de ce que, dans l’Église anglicane, le service du matin est devenu, au détriment de la célébration de l’Eucharistie, l’office principal, suivi de préférence par les fidèles, tandis que, chez les catholiques, l’office de prime n’est célébré que dans certaines églises, et devant une assistance généralement peu nombreuse.